Une étape importante vient d'être franchie pour la filière du gaz renouvelable en Belgique. À Lommel, dans le nord du pays, l'entreprise Green Logix a officiellement mis en service son unité de production de biométhane. C'est la première à être reliée directement au réseau de transport de gaz à haute pression géré par Fluxys. Cette avancée technique et symbolique, inaugurée récemment, pourrait servir de référence à d'autres projets similaires dans un secteur encore émergent.

Une capacité d'injection significative et extensible

L'installation, fraîchement inaugurée, est capable d’injecter jusqu’à 100 GWh de gaz renouvelable par an dans le réseau national, soit l’équivalent de la consommation annuelle de près de 7 000 foyers. L’entreprise prévoit déjà de doubler cette capacité à l'avenir, ce qui montre l'ambition du projet.

Contrairement à d’autres installations belges – actuellement au nombre de neuf – qui sont raccordées aux réseaux de distribution locaux, ce site est le premier à être directement connecté à l’infrastructure de transport à haute pression. Pour y parvenir, Fluxys a pris en charge la construction des équipements nécessaires, notamment une station de compression et un tronçon de canalisation reliant l’unité au réseau.

Le projet a nécessité un budget compris entre 20 et 25 M EUR. Green Logix valorise principalement des déchets organiques issus de l’industrie agroalimentaire locale, comme les restes de pommes de terre fournis par l’usine voisine Farm Frites, ainsi que des résidus agricoles provenant d’exploitations environnantes.

Un potentiel inexploité et un appel aux autorités

Pour garantir la rentabilité de son site, Green Logix mise sur la vente de son biométhane à des fournisseurs d’énergie, qui le commercialiseront ensuite auprès d’industries soucieuses de réduire leur empreinte carbone. L’entreprise bénéficie également de certificats verts en contrepartie de l'injection. L’ensemble de la production est déjà contractuellement engagé, tandis que le surplus est utilisé pour couvrir les besoins électriques de l'unité via un groupe électrogène.

Malgré ce succès, la dynamique du secteur reste freinée en Belgique. Selon Didier Hendrickx, représentant de la fédération Gas.be, le potentiel de production de biométhane en Belgique est estimé à environ 15 TWh par an. Or, les unités actuellement en activité n'injectent qu'à peine 500 GWh, soit une fraction de ce potentiel.

Le secteur appelle donc à des mesures politiques plus incitatives, telles que la mise en place de tarifs d’injection garantis, des obligations d’incorporation dans les réseaux de gaz, ou encore une simplification des démarches administratives. "Nous espérons que le projet de Lommel inspire d'autres initiatives dans le pays", conclut Hendrickx.

Source : L'Echo - 26/05/2025