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Cinéma et films : vers une expérience interactive et personnalisée
Les jeunes générations, particulièrement les 16-34 ans, expriment un fort désir d’expériences cinématographiques plus interactives et immersives. Plus de la moitié d’entre eux (56 %) aimeraient pouvoir influencer le déroulement d’un film, par exemple en votant pour différentes fins ou en prenant des décisions pour les personnages, à l’image des expériences proposées par Netflix avec « Black Mirror: Bandersnatch ».
Au Royaume-Uni, cette tendance se traduit déjà dans la production. Des technologies comme le « youth mirror » de Metaphysic ont été utilisées pour rajeunir numériquement les acteurs dans Here. Des entreprises comme Flawless, avec son doublage synchronisé par IA, ou Humain, spécialisée dans les personnages virtuels, montrent que l’IA est déjà pleinement intégrée aux coulisses de la création.
Le British Film Institute (BFI) alerte toutefois sur le fait que les IA s’entraînent sur des dizaines de milliers de scripts sans autorisation, ce qui met en danger les métiers d’entrée de gamme et fragilise la relève créative. Des acteurs majeurs comme Working Title s’opposent aussi à la réforme envisagée du droit d’auteur qui passerait à un régime d’« opt-out », jugeant qu’elle menacerait l’économie créative britannique fondée sur la protection de la propriété intellectuelle.
Dans les grandes villes comme Londres, les expériences immersives à base d’IA connaissent un essor rapide. Des productions comme Elvis Evolution ou Squid Game Houses illustrent l’attrait du public jeune pour des formats qui brouillent la frontière entre spectateur et participant.
Musique et concerts : transparence et quête d’authenticité
Au Royaume-Uni, la question de la transparence dans la musique générée par intelligence artificielle est devenue centrale. Selon une étude du British Phonographic Industry, plus de 80 % des auditeurs estiment que les morceaux produits entièrement par IA devraient être clairement étiquetés. Une proportion similaire refuse que la voix ou les œuvres d’un artiste soient utilisées pour entraîner une IA sans consentement préalable. Ces résultats traduisent une volonté claire de préserver la valeur de la créativité humaine et de maintenir la confiance du public.
Cette exigence de transparence a été renforcée par l’affaire du groupe virtuel Velvet Sundown, créé par IA et ayant dépassé le million d’écoutes sur Spotify avant que son origine ne soit révélée. L’affaire a relancé le débat sur la nécessité d’une obligation légale pour les plateformes de signaler la participation de l’IA dans la création musicale.
Parallèlement, les jeunes créateurs britanniques s’approprient déjà massivement ces technologies. D’après une enquête de Youth Music, près de deux tiers d’entre eux utilisent l’IA pour composer, remixer ou créer des beats, transformant l’auditeur passif en véritable acteur de la création musicale.
Jeux vidéo : personnalisation et créativité décuplées
Le jeu vidéo est l’un des secteurs où l’IA transforme le plus vite les pratiques. Au Royaume-Uni, les outils de génération procédurale et de création assistée permettent de produire niveaux, décors et personnages sur mesure, rendant les univers plus immersifs et réduisant les coûts de développement (BCG). Sur Steam, le nombre de jeux intégrant l’IA générative a bondi de 800 % en un an, représentant déjà 7 % du catalogue (GamesRadar). Cette personnalisation accrue séduit les joueurs, mais pose la question du prix et de l’authenticité à l’ère de l’automatisation.
Théâtre, spectacles vivants et autres arts : la valeur du lien humain
Face à la montée de l’IA, une contre-tendance émerge : la valorisation de l’artisanat et de la création humaine. 70 % des moins de 45 ans déclarent que l’IA les pousse à accorder plus d’importance aux œuvres réalisées par des humains. Les jeunes cherchent à affirmer leur goût personnel et leur connexion émotionnelle à l’art, ce qui incite les marques et les institutions culturelles à mettre en avant l’authenticité et l’originalité humaine dans leurs propositions. Cette dynamique est particulièrement forte dans les arts vivants, où la présence et la performance humaine restent irremplaçables. Une récente pièce immersive présentée au Festival Fringe d’Édimbourg illustre cette préférence : malgré l’utilisation d’éléments IA, ce sont les réactions imprévisibles et l’émotion brute des comédiens en chair et en os qui ont conquis le public.
En conclusion, la technologie et l’IA transforment en profondeur les habitudes de consommation culturelle des jeunes, entre ouverture à l’innovation, recherche d’interactivité et affirmation de la valeur humaine. Les acteurs culturels doivent naviguer entre ces attentes parfois contradictoires, en misant sur la transparence, la personnalisation et le respect de l’authenticité pour séduire cette génération connectée et créative.
Sources :
Nick Levine, 24/04/2025, Official Charts : UK listeners want greater transparency and restrictions with AI-generated music | Official Charts
09/06/2025, BFI : BFI and CoSTAR launch report on generative AI for the screen industries | BFI
Mark Sweney, 09/06/2025, Guardian : AI plundering scripts poses ‘direct threat’ to UK screen sector, says BFI | Artificial intelligence (AI) | The Guardian
Lanre Bakare, 15/07/2025, Guardian : An AI-generated band got 1m plays on Spotify. Now music insiders say listeners should be warned | Artificial intelligence (AI) | The Guardian