Date de publication :

Secteur Santé
Pays concerné
Thaïlande
Thématique
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Le défi des maladies non transmissibles (MNT)

Si la Thaïlande a su conquérir sa place sur l'échiquier économique asiatique au cours des dernières décennies, elle doit aujourd'hui faire face à une problématique sanitaire d'envergure : les MNT sont un enjeu majeur pour le royaume, causant +400 000 décès par an – soit +1 000 morts quotidiennes – et représentant désormais 81 % de la mortalité totale du pays. 

Certes, le risque de décès prématuré lié aux MNT a connu une diminution (passant de 14,8 % en 2010 à 14,6 % en 2022, avec un objectif fixé à 11,07 % d'ici 2025), mais cette amélioration relative masque une réalité plus complexe : l'hypertension, le diabète, l'obésité et la sédentarité continuent leur progression, particulièrement dans les centres urbains.

Bangkok, miroir de l'évolution épidémiologique
L'ampleur de cette situation sanitaire se révèle avec une netteté particulière lorsque l'on s'intéresse aux chiffres du diabète : en l'espace de 24 ans, le nombre d'adultes thaïlandais vivant avec cette maladie a été multiplié par 6 (passant de 1,5 M de cas en 2000 à 6,36 M en 2024 pour la tranche d'âge des 20-79 ans), et les projections suggèrent une progression continue jusqu'à 6,63 millions d'ici 2050. 

Cependant, c'est Bangkok qui illustre le mieux cette tendance urbaine : la capitale affiche des taux de prévalence considérablement supérieurs à la moyenne nationale, avec une obésité touchant 56,1 % des habitants (contre 39,4 % au niveau national) et un diabète atteignant 12,5 % de la population (contre 9,5 % en moyenne). Plus préoccupant encore, près de 33,3 % des patients diabétiques – soit environ 2,12 M de personnes – demeurent non diagnostiqués, créant ainsi une vulnérabilité sanitaire aux complications importantes.

L'impact économique d'un enjeu de santé publique
Sur le plan économique, cette évolution épidémiologique pèse substantiellement sur les finances publiques : le diabète seul a coûté à la Thaïlande environ 4,11 Mds USD en 2024, avec un coût moyen de 647 USD par patient. 

Parallèlement, les maladies cardiovasculaires – qui touchent désormais +260 000 patients selon le Département thaïlandais du contrôle des maladies – ajoutent une charge supplémentaire sur le système de santé, alimentées par une combinaison de facteurs de risque (hypertension, alimentation déséquilibrée,…)

L'innovation génomique au service de la prévention
Face à ce constat, la Thaïlande a choisi de miser sur l'innovation technologique : l'inauguration récente du Centre de santé et de bien-être génomique par le Département des sciences médicales constitue une avancée notable dans cette approche sanitaire. 

En s'appuyant sur les technologies de séquençage de nouvelle génération (NGS), ce centre offre des services de diagnostic génétique précis, permettant d'identifier en amont les risques liés aux pathologies courantes (cancers héréditaires, maladies métaboliques ou cardiovasculaires). 

Plus encore, les tests pharmacogénétiques proposés permettent d'adapter les traitements aux profils génétiques individuels, réduisant les effets secondaires tout en améliorant l'efficacité thérapeutique – une approche qui permet aux citoyens de « savoir à l'avance, prévenir la maladie et planifier avec confiance ».

D'autres grands groupes thaïlandais d’hôpitaux privés tels que Bumrungrad, proposent déjà ce type de services.

Un plan national aux orientations multisectorielles
Cette stratégie technologique s'inscrit dans un cadre plus large : le plan national 2023-2027 pour la prévention des MNT, articulé autour de trois axes principaux (le réseau intelligent de lutte contre les MNT, l'amélioration de la littératie en santé, et la création d'un écosystème favorable aux comportements sains). 

Concrètement, cette approche globale se traduit par des initiatives comme la campagne « Count Carbs, Improve Health », qui vise à sensibiliser 50 M de personnes d'ici fin 2025 à la consommation de glucides de qualité à faible indice glycémique. Une loi dédiée aux MNT est également en cours d'élaboration pour renforcer juridiquement cette réponse nationale.

L'émergence de la thérapie CAR T-cell
Cependant, c'est peut-être dans le domaine thérapeutique que la Thaïlande franchit l'étape la plus significative : l'introduction de la thérapie CAR T-cell (développée en collaboration entre l'hôpital Ramathibodi et le groupe hospitalier Samitivej) représente une évolution importante dans le traitement des cancers du sang. Cette forme avancée de traitement cellulaire et génétique offre un potentiel de guérison pour jusqu'à 70 % des patients atteints de leucémie ou de lymphome résistants aux traitements classiques, tout en réduisant les coûts de traitement par un facteur supérieur à cinq et en diminuant les délais d'attente.

Cette initiative, présentée lors du symposium international sur les thérapies cellulaires et géniques, positionne désormais la Thaïlande comme un futur hub médical en Asie.
 

Source : The Nation, 17/06, 31/08, septembre 2025