Date de publication :

Secteur Vins, spiritueux, bières, cidres
Pays concerné
Belgique
Thématique
La brasserie bruxelloise Brussels Beer Project, connue pour sa Delta IPA, s’apprête à inaugurer de nouvelles installations à Anderlecht. Grâce à cette extension, elle pourra porter sa production annuelle à 10 millions de bouteilles, soit une augmentation de 40 % de sa capacité.

Brussels Beer Project, la brasserie bruxelloise derrière la célèbre Delta IPA, connaît un véritable essor. D’ici fin novembre, elle inaugurera de nouvelles installations à Anderlecht, ce qui lui permettra d’augmenter sa capacité de production de 40 %. Le chantier est ambitieux : quatre nouvelles cuves, dont deux de 25.000 litres, seront ajoutées aux installations existantes. Le toit de la brasserie devra même être démonté pour permettre l’entrée de ces cuves XXL dans le bâtiment. Grâce à cet agrandissement, la capacité de production annuelle passera de 25.000 à 35.000 hectolitres, soit l’équivalent de 10 millions de bouteilles de bière par an. Une belle démonstration de la croissance soutenue de cette PME bruxelloise sur le marché de la bière artisanale.

L’investissement, d’environ 500.000 euros, est financé par les fonds propres de la société et soutenu par un prêt bancaire. Il vise à répondre à la hausse de la demande pour les bières de Brussels Beer Project (BBP). Pour l’exercice 2025, clos en août, les revenus ont progressé de 10 %, indique Sébastien Morvan, co-CEO et co-fondateur de la brasserie aux côtés d’Olivier de Brauwere. « Au niveau des volumes, la progression est encore plus forte. Nous avons également été un peu plus agressifs sur nos prix », précise-t-il.

Le succès de la brasserie repose principalement sur son best-seller, la Delta IPA, qui représente 40 % des revenus. L’essor des bières sans alcool contribue également à la croissance : elles représentent déjà 13 % des revenus, dont les trois quarts assurés par la Delta Zero. Selon le CEO, les ventes de bières sans alcool pourraient atteindre 25 % des revenus dans les trois prochaines années.

Fidèle à son positionnement de brasserie responsable, Brussels Beer Project a récemment renouvelé sa certification B-Corp, qui récompense les entreprises exemplaires sur les plans social et environnemental. « Avec un score de 98, nous sommes dans le top 10 mondial des brasseries les mieux notées », se réjouit Sébastien Morvan. La brasserie s’engage notamment à s’approvisionner presque exclusivement auprès de fournisseurs d’orge pratiquant l’agriculture régénérative, renforçant ainsi son ancrage dans une production durable et respectueuse de l’environnement.

Un secteur fragile et des choix stratégiques

Brussels Beer Project mise sur une croissance continue de ses ventes, mais reconnaît les risques liés à son secteur. Beaucoup de petites brasseries ont fermé ces dernières années, et BBP n’a pas été épargnée. Après deux années de croissance (+4 % en 2024, +10 % en 2025), la brasserie a connu un trou d’air en 2023, avec un recul des ventes d’environ 5 %, explique Sébastien Morvan, co-CEO et co-fondateur.

Cette baisse s’explique par l’augmentation des coûts de production et l’indexation des salaires, combinées à une pression sur le pouvoir d’achat des consommateurs. La brasserie a également choisi d’abandonner la grande exportation. Bien que ces marchés n’aient représenté qu’une faible part des revenus, ils constituaient un complément de chiffre d’affaires que l’entreprise a volontairement laissé de côté. Le choix s’inscrit dans une logique à la fois environnementale et économique. « La grande exportation aurait tout au plus représenté 10 % de nos revenus. Plutôt que de miser sur un effet de mode en Corée ou au Japon, nous avons décidé de concentrer tous nos efforts sur nos deux marchés principaux : la Belgique et la France », explique Sébastien Morvan.

L’horeca bruxellois, un marché difficile

Si la France, qui représente environ 15 % des ventes, est aujourd’hui considérée comme le marché au plus fort potentiel de croissance, l’horeca bruxellois reste un véritable défi pour Brussels Beer Project. « On vend déjà plus de fûts à Lille qu’à Bruxelles », remarque Sébastien Morvan, co-CEO de la brasserie. Les contrats exclusifs entre les grands brasseurs et les bars compliquent l’accès des petits acteurs comme BBP. En conséquence, les ventes dans l’horeca belge ont reculé de 8 %, souligne le dirigeant. Son objectif reste d’installer des fûts de Delta dans tous les bars bruxellois, mais il reconnaît que cette mission est quasi impossible. En Belgique, qui représente 80 % des revenus de la brasserie, la croissance est surtout portée par les ventes dans le commerce, plutôt que par le secteur horeca.