Face aux tensions commerciales avec les États-Unis, l’industrie mexicaine des dispositifs médicaux redéfinit ses priorités.

Longtemps tournée vers son voisin du nord, elle amorce désormais une stratégie ambitieuse de diversification, misant sur l’innovation et l’ouverture à de nouveaux marchés. Avec près de 230 usines, dont 140 à capitaux étrangers, le Mexique s’impose comme un acteur majeur dans la fabrication de dispositifs médicaux. Baja California concentre plus de 60 % de cette production, mais la dépendance historique vis-à-vis des États-Unis s’effrite puisqu'en cinq ans, la part des exportations vers ce pays est passée de 94 % à 64 %. Ce recul ne traduit pas une baisse de la demande, mais une réponse stratégique aux droits de douanes imposés par Washington, qui ont poussé les entreprises à réorienter leurs flux vers l’Europe, l’Amérique latine et d’autres régions.

Selon Carlos Salazar Gaytán, président de l’Association Nationale de Proveedores de la Salud (ANAPS), «la dynamique change, les entreprises fabriquant au Mexique exportent désormais directement vers d’autres pays pour éviter les droits de douane». Cette mutation s’inscrit dans un contexte de nearshoring, où le Mexique offre des coûts jusqu’à 35 % inférieurs à ceux des États-Unis et environ 9 % plus bas que la Chine, renforçant son attractivité pour les investisseurs.

Les projections indiquent que l’Europe pourrait représenter 17 à 18 % des exportations dans les prochaines années, tandis que des marchés comme le Brésil gagnent en importance. Pour José Luis García Rodríguez, président de l’Amedis, «les droits de douane ont agi comme catalyseur, incitant le secteur à réduire sa dépendance et à développer une chaîne de valeur plus intégrée et orientée vers l’international ».

Cependant, cette transition comporte des défis tels que renforcer la fourniture locale de matières premières, intégrer des technologies de pointe, obtenir des certifications internationales et améliorer la logistique pour desservir des zones géographiques plus variées. Si ces conditions sont réunies, le Mexique pourrait non seulement consolider sa position, mais aussi devenir un leader global dans les segments à forte valeur ajoutée.
En définitive, la reconfiguration actuelle illustre la maturité croissante de l’industrie mexicaine, qui transforme une précédente contrainte en opportunité pour s’inscrire durablement dans la compétition mondiale.

Source : El Financiero 7 novembre 2025