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Secteur Produits alimentaires
Thématique Réglementation et politique économique
Le projet de loi contre les HSFF (cf article de Mars 2021) est loin d’être le seul dans ce domaine (cf article du mois précédent). Récemment, les mentalités ont évolué et il y a eu des prises de conscience considérables de la part des consommateurs (mais pas que) dans le poids et l’importance de l’alimentation sur la santé.

Une lutte pour la réduction du sel a commencé au Royaume-Uni en 2004 suite à l'avis du Scientific Advisory Committee on Nutrition (SACN), publié dans le rapport de 2003 sur le sel et la santé, selon lequel les apports moyens en sel recommandés par la population devraient être réduits à 6 g par jour pour réduire le risque d’hypertension artérielle et les maladies cardiovasculaires.

Un programme de réduction du sel en Angleterre dans les produits alimentaires et les boissons a été mené par Public Health England (PHE) et aurait permis à près de 200 000 adultes de moins de développer une maladie cardiaque, selon une étude de l’Université Queen Mary de Londres. L'étude montre que de 2003 à 2018, le programme de réduction du sel a permis une réduction globale de la consommation de sel d'un gramme / jour par adulte, passant de 9,38 grammes / jour en 2000 à 8,38 grammes / jour en 2018. Ainsi, si les niveaux de consommation de sel de 2018 sont maintenus, 193 870 adultes de moins seront à même de développer une maladie cardiovasculaire prématurée d'ici 2050 et une économie de 1,64 milliards de livres sterling sur système de santé serait réalisée.

Mais les chercheurs ont déclaré que les progrès avaient été beaucoup plus lents ces dernières années. En septembre, PHE a publié des objectifs de réduction du sel pour 84 aliments différents avec une échéance cible de 2024, le cinquième ensemble d'objectifs publiés par le gouvernement depuis le programme initial de la FSA en 2006. Cependant, les objectifs ont été réduits depuis les recommandations initiales. Le professeur Borislava Mihaylova, chercheur principal de l'Université Queen Mary de Londres, a déclaré qu’une politique gouvernementale efficace de réduction du sel dans les produits alimentaires de tous les jours pouvait avoir des résultats frappants, mais ces gains pourraient être gravement menacés si la politique est affaiblie.

Le Royaume-Uni avait également lancé en avril 2018 une « taxe sur le sucre » pour les boissons sucrées. Officiellement appelée la taxe sur l'industrie des boissons gazeuses (SDIL), la taxe impose un coût de 24 pence sur les boissons contenant 8 g de sucre par 100 ml et 18p par litre sur celles contenant 5 à 8 g de sucre par 100 ml, à payer directement par les fabricants au gouvernement. Introduite dans le cadre de la stratégie du gouvernement contre l'obésité infantile, elle vise à réduire la consommation de sucre en persuadant les entreprises de reformuler leurs boissons afin d'éviter de payer la taxe.

Les militants ont intensifié leurs appels à l'extension de cette taxe sur le sucre à de nouvelles catégories de produits après que des recherches aient affirmé que celle-ci avait réduit la consommation de sucre provenant des boissons non alcoolisées de 30g par ménage et par semaine, sans que les volumes de ventes globaux ne soient affectés. Cette taxe avait également conduit huit des dix principales entreprises de boissons à réduire leur teneur en sucre de 15% ou plus. Les chercheurs ont soutenu ces arguments en démontrant que la consommation de sucre pourrait être réduite davantage en étendant la taxe aux confiseries et autres aliments riches en sucre.

Maintenant plus que jamais, en reconnaissant les risques accrus associés à l'obésité sur les effets du Covid-19, et la flambée des snacks malsains qui a eu lieu pendant le confinement, il y a une réelle opportunité d'aller plus loin en utilisant le système fiscal pour conduire à davantage de changement positif dans l’environnement alimentaire du Royaume-Uni.

Il semblerait que la tendance n’est pas près de s’arrêter. La récente fuite d’une ébauche du livre blanc du gouvernement sur les modifications législatives prévues du National Health Service (NHS) a confirmé les tensions pesant sur l’industrie agroalimentaire. Le document indique que les entreprises du secteur de l'alimentation et des boissons seront confrontées à des règles plus strictes en matière d'étiquetage, y compris via une modification du système des « feux de signalisation » à l'avant des emballages, pour répondre au mieux aux besoins du consommateur et lui permettre de faire des choix plus éclairés et plus sains. Ces directives permettront également l'introduction de politiques clés en matière de stratégie sur l'obésité, telles que des changements sur le système d'étiquetage nutritionnel sur le devant de l'emballage et l’affichage obligatoire des calories sur l’alcool.

Sources : Ian Quinn, 2 février 2021, 22 février 2021 & 11 mars 2021, The Grocer - Stephen Woodford pour Advertising Association, 5 février 2021 The Grocer – Amy North, 1er mars 2021, Bakeryinfo