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Combler les faiblesses du système de santé italien
La pandémie de Covid-19 a rendu encore plus visibles certaines des faiblesses du système de santé italien, notamment la concentration des soins dans les grands hôpitaux et d’importantes disparités territoriales entre les régions. À cela s’ajoute une faible intégration entre les services hospitaliers, les services locaux et les services sociaux. Le déploiement de la médecine de proximité et de la télémédecine, prévu dans la première composante, devrait notamment permettre de réduire les écarts géographiques actuels grâce à l'harmonisation du niveau des soins.
Les deux composantes de la « mission santé »
La « mission santé » du PNRR s’articule en deux composantes : le renforcement du système de santé au niveau local (1) et le soutien à l’innovation, la recherche et à la numérisation du système de santé national (2).
1. Renforcer le système de santé au niveau local
La première composante de la « mission santé » prévoit d’allouer 7 Mds EUR au renforcement du système de santé local, en développant le système de santé au niveau local. Parmi ces 7 Mds, l’investissement le plus important (4 Mds EUR) concerne le renforcement des soins à domicile et le déploiement de la télémédecine, avec l’objectif de prendre en charge 10 % de la population de plus de 65 ans ayant des pathologies chroniques d’ici mi-2026. Le Plan prévoit également l’ouverture de 1 288 Maisons de santé et de 381 hôpitaux communautaires pour renforcer les soins de proximité et des soins intermédiaires (3 Mds EUR).
2. Soutenir l’innovation, la recherche et la numérisation du système de santé national
Au sein de la seconde composante, dotée d’un budget de 8,63 Mds EUR, on distingue deux objectifs : la modernisation technique et numérique du système de santé national (7,36 Mds EUR) et le soutien à la formation et à la recherche scientifique (1,26 Md EUR).
Dans l’optique du premier objectif de modernisation des équipements techniques, le Plan prévoit l’achat de 3 133 nouveaux dispositifs médicaux de haute technologie ainsi que l’ouverture de 3 500 nouveaux lits en soins intensifs et 4 225 lits en soins semi-intensifs. Est également prévue, la modernisation des infrastructures hospitalières avec la programmation de 116 interventions d’adaptation des hôpitaux aux réglementations antisismiques en vigueur. Concernant la modernisation de l’infrastructure numérique, le Plan prévoit de finaliser le Dossier médical électronique (Fasicolo Sanitario Elettronico, FSE) afin d’y intégrer tous les documents et les données de santé pour améliorer la qualité et la rapidité des soins ainsi que leur planification par une meilleure gestion des données. Le second objectif vise à renforcer la recherche biomédicale et la formation du personnel soignant dans le cadre de leurs compétences professionnelles, numériques et managériales. À ce titre, il est prévu le déploiement de 2 700 bourses d’études supplémentaires en médecine générale pendant 3 ans, l’ouverture de 2 000 places pour former le personnel soignant en management ainsi que l’ouverture de 4 200 contrats de formation spécialisée supplémentaires pour un cycle d’étude complet.
Un Plan moins ambitieux qu’initialement pour la santé ?
Le 23 octobre 2020, le ministre de la Santé, Roberto Speranza, avait présenté une « Proposition de réforme et de résilience du plan sanitaire » avec un budget de 65 Mds EUR, axée sur le système de santé local et répartie sur 10 ans. Ce projet ambitieux, partiellement financé par le Plan de relance européen, prévoyait d’allouer 25 à 30 Mds au renforcement des soins de proximité et le même montant pour la modernisation des infrastructures hospitalières. Le Plan de relance adopté par le Parlement italien semble avoir significativement réduit le montant des investissements que le ministre du gouvernement Conte II envisageait pour la santé.
Un éclairage sur le Plan de relance
Le Plan National de Relance et de Résilience (Piano Nazionale di Ripresa e Resilienza, PNRR) étendu correspond à un total de 235,1 Mds EUR (avec 191,5 Mds EUR de la FRR1 et environ 30 Mds EUR de ressources nationales, auxquelles s’ajoutent 13 Mds EUR de l’instrument ReactEU). Il est divisé en 6 missions :
1. « Numérique, innovation, compétitivité, culture » ;
2. « Révolution verte et transition écologique » ;
3. « Infrastructures pour une mobilité durable » ;
4. « Education et recherche » ; 5. « Inclusion et cohésion » ;
6. « Santé ».
Le PNRR sera accompagné de 4 réformes : celles de l’administration, de la justice, de la simplification et de la concurrence.
La sixième mission du Plan de relance prévoit que 15,63 Mds EUR soient alloués à la Santé par les ressources de la FRR (auxquels pourront s’ajouter des fonds supplémentaires, de 2,89 Mds EUR provenant des ressources nationales et de 1,71 Md EUR de l’instrument ReactEU, soit un total de 20,22 Mds EUr potentiellement prévus par le PNRR étendu).
Source : Anna ROSENSTIEHL, 29/04/2021, Ambassade de France en Italie (extrait)