Date de publication :

Secteur Equipements et Solutions pour l'Agriculture et l'Agroalimentaire
Pays concerné
Irlande
Thématique Grands projets

Lors du sommet irlandais sur le climat, ayant eu lieu le 29 avril, le président de l'association des agriculteurs irlandais, Tim Cullinan, a souligné que les agriculteurs irlandais étaient déterminés à jouer leur rôle dans la réduction des émissions de gaz à effet de serre, mais que les décideurs politiques devaient prendre conscience du défi que cela représentait pour le secteur. Il a ajouté que « la réalisation des objectifs environnementaux devra être équilibrée avec le rôle concurrentiel du secteur dans la production d’aliments nutritifs de haute qualité à un coût raisonnablement faible ». Le co-investissement doit continuer à aider les agriculteurs à rester compétitifs et durables alors qu'ils passent par ces changements. À ce jour, les agriculteurs ont investi plus de 80 millions EUR dans des équipements d'épandage de lisier à faibles émissions (LESS), tandis que les ventes d'urée protégée ont plus que doublé en 2020.

Le sommet irlandais sur le climat a examiné les dernières ambitions, défis et opportunités de la réponse irlandaise à la crise climatique. Les sujets abordés dans le programme du sommet comprenaient, entres autres, les objectifs climatiques nationaux, le rôle du gouvernement local dans la réponse au changement climatique ou encore l’investissement dans des solutions climatiques à taux zéro net.

Cependant, ces ambitions qui devraient rentrer dans le plan Agri-Food Strategy 2030 faisant suite au projet Food Wise 2025 est loin de faire l’unanimité, ayant déjà été critiqué de perpétuer le modèle habituel d'intensification poursuivi depuis 10 ans plutôt que de conduire la transformation écologique dont l'agriculture irlandaise a besoin.

Selon An Taisce, une organisation environnementale irlandaise, l’argument selon lequel, si l’Irlande ne produit pas de bœuf et de produits laitiers, d’autres pays combleront cet écart avec des produits de qualité inférieure, ce qui provoquera des « fuites de carbone », est incorrect. Lors d’une session parlementaire tenue cette semaine pour informer la commission de l’agriculture sur le Plan d’action pour le climat 2021, l’organisation environnementale a fait l'objet de nombreuses critiques de la part des membres de la commission sur son attitude à l'égard de l'économie rurale, qui selon elle se fait « au détriment de l’environnement, comme en témoignent les tendances de la qualité de l’eau, des émissions et de la biodiversité qui vont toutes dans la mauvaise direction ».

Dans sa communication, An Taisce a suggéré que les implications de la réduction de l’agriculture bovine par les Pays-Bas devaient être examinées en tenant compte de l’investissement agricole irlandais supplémentaire. La situation qui s'est produite aux Pays-Bas, où la contraction du cheptel bovin a été nécessaire en raison d'un excès de nitrates, doit servir d’avertissement pour l'Irlande. De plus, l'organisation pense que les affirmations selon lesquelles l'Irlande est efficace dans la production de denrées alimentaires devraient également être réévaluées. Les mesures d'efficacité « reposent sur des preuves obsolètes qui peuvent ne pas saisir les impacts du cycle de vie complet de la production animale ». Il y a actuellement des hypothèses irréalistes selon lesquelles un niveau significatif de gaz à effet de serre agricoles irlandais pourrait être « compensé » par la gestion des sols carbonés, la foresterie supplémentaire ou la plantation de haies et la bioénergie.

Ce n’est pas la première fois qu’une organisation gouvernementale s’oppose aux mesures prises par le gouvernement. Pour rappel, en mars dernier, l’ONG Environmental Pillar s’était retirée de la commission 2030 Agri-Food Strategy, jugeant le projet « terriblement insuffisant » pour relever les défis sociaux et environnementaux auxquels sont confrontés l’Irlande.

Sources : Aisling Kiernan, 30 avril 2021, Irish Examiner - Kevin O'Sullivan, 4 mai 2021, Irish Times