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Les prémices d’une reprise des ventes se confirme à Hong Kong. Le premier trimestre 2021 a enregistré une progression de +7,2% des ventes au détail par rapport à la même période en 2020, selon le Département du recensement et des statistiques (C&SD) de Hong Kong. En mars dernier, la catégorie bijoux, montres, horloges et cadeaux de valeur notait une croissance de + 81%, comme pour la catégorie Habillements (+ 77,4%). Il en était de même pour la catégorie chaussures, produits connexes et autres accessoires du vêtement (+ 64,1%). Tendance appropriée pour tous les détaillants locaux de mode, qui peuvent enfin relancer leur réassort et initier de nouveaux projets en phase avec la tendance actuelle pour une consommation éco-responsable et durable.
Depuis quelques années, le concept de durabilité a le vent en poupe à Hong Kong. Il ne s’agit plus d’une simple tendance de mode à des fins commerciales, mais une volonté réelle au sein même des plus grandes instances. A l’instar du Council for Sustainable Development, rattaché au bureau de l’environnement, qui a défini une stratégie de développement durable sur la base de perspectives économiques, sociales et environnementales. Ce conseil a d’ailleurs initié des programmes de subventions adaptés aux sociétés privés pour les soutenir dans leurs projets de développement durable.
L’action commune des marques et des détaillants - poussée par le changement de comportement d’achats des consommateurs - est vitale pour consommer autrement et minimiser les déchets. L’experte locale de la mode durable Christina DEAN (fondatrice de l’organisation à but non lucratif Redress à Hong Kong) prône une économie circulaire appliquée aux textiles comme le « Take Back » (collecter et redistribuer) ou encore le système de « made-on-demand » (fabrication à la demande : les articles ne sont produits qu'une fois commandés).
Avec l’essor des ventes en ligne (toutes catégories confondues) à Hong Kong ces deux dernières années - enregistrant un bon de +62,6% au premier trimestre 2021, par rapport à l’année précédente - le concept de fabriquer à la demande est prometteur. Cette pratique est déjà utilisée par certains stylistes à l’internationale, à l’exemple de la créatrice de mode Misha Nonoo, qui a collaboré avec la duchesse de Sussex (Meghan Markle) sur une collection capsule et mis en place ce système à la demande directement auprès de ses clients qui commandent l'une de ses pièces et attendent qu'elle soit fabriquée et expédiée. Bien-sûr cela exige une certaine patience pour une génération de consommateurs peu familiarisée à ce système. Quant aux petits détaillants et concept stores, cette formule est aussi une occasion de personnaliser leur propre collection selon la demande de leur clientèle tout en minimisant l’impact carbone.
Pour Christina Dean, l'intégration d'une meilleure gestion des déchets textiles dans les opérations commerciales et le changement de comportement d’achat des consommateurs en citoyen de la mode éco-responsable, sont les premières étapes à franchir ; Un tiers des vêtements dans les garde-robes des Hongkongais n'est jamais ou rarement portés. De plus, 40% des résidents ne conservent leurs vêtements que pendant un an, voire moins, contribuant aux 196 tonnes de vêtements dans les décharges de la ville chaque jour, selon l’étude menée par l’association Redress (https://www.redress.com.hk) en 2020.
Heureusement cette surconsommation d’une partie des habitants de Hong Kong commence à changer, du fait de multiples campagnes de sensibilisation sur les déchets textiles, renforcées par un éveil collectif des consommateurs à l’impact environnemental. Conséquence : une transformation des habitudes d’achats avec une offre vestimentaires plus éco-responsable et un réajustement de toute la chaîne de distribution voit le jour.
En continuité avec sa volonté d’instaurer un fonctionnement circulaire autour des vêtements non utilisés, « Redress » vient d’ouvrir son premier magasin permanent de vêtements d'occasion sous l’enseigne « The Redress Closet ». Situé dans le quartier historique de l'industrie textile (Sham Shui Po), ce magasin a pour vocation de redonner une nouvelle vie à ces articles de mode et accessoires (chaussures, sacs, etc..) recyclés, de haute qualité, à des prix abordables. Une manière de changer notre garde-robe sans aucun déchets textiles. Les clients sont aussi conviés à déposer leurs vieux vêtements au magasin, pour etre trier et redistribuer via la formule Takeback de l'association. Cette formule a déjà trouvé ces adeptes souligne Nissa Cornish (Directrice éxécutive de Redress) : « Au cours des trois dernières années, notre programme Takeback a collecté et redistribué environ 57 tonnes de vêtements indésirables, réduisant directement les déchets à la décharge. ».
D’ailleurs « Redress » vient de nouer un partenariat avec le conglomérat espagnol de la mode Inditex» (détenteur des marques suivantes : Zara, Pull & Bear, Massimo Dutti, Bershka et Oysho) pour promouvoir son programme de reprise de vêtements dans plus de 34 endroits à Hong Kong et à Macao.
Multipliant les campagnes de sensibilisation à la durabilité et les actions promotionnelles auprès des consommateurs finaux, la fondatrice de Redress poursuit également son engagement auprès et pour les principaux acteurs de l’industrie du textile (marques, fabricants et stylistes) via son entité à impact social The R Collective (https://thercollective.com). L’objectif est de récupérer et réutiliser les tonnes de tissus et matériaux non utilisés haut de gamme de l’industrie textile (dont les marques de luxe) pour les recycler. A cet effet, l’équipe de stylistes et professionnels de la mode rattachée à The R Collective s’appliquent à réinventer de nouvelles collections de mode et des produits de cadeaux d’entreprises à partir de ces supports. D’ailleurs leur plus grand évènement annuel pour promouvoir tout ce travail sur la durabilité à l’échelle mondiale est le concours de "Redress Design Award". Ouvert à tous les créateurs de mode émergents du monde entier, ce concours de design de mode durable a pour objectif de mettre en avant les talents de demain et impliquer tous les acteurs de l’industrie du textile.
Présélectionnés parmi plus de 550 candidatures de 58 pays pour cette 11ème édition, 10 finalistes viennent d’être révélés. Ils devront faire preuve de créativité et d’ingéniosité pour transformer des déchets textiles en collection évolutive et commercialement viables, pour cette grande finale, le 11 septembre 2021 au Centre Stage de la Fashion Week à Hong Kong.
Source : 10/05/2021 , Jenny LEUNG – Time Out