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La fruiticulture brésilienne enregistre de belles performances en 2020, réalisant une valeur brute de production de 6 Mds EUR environ. Le Brésil compte environ 30 pôles de production de fruits, allant des climats tempérés du 30° de latitude Sud avec des gelées l’hiver aux régions équatoriales produisant jusqu’à 3 récoltes de fruits dans une même année ! Cette diversité de climats permet de produire une gamme large de variétés. On retrouve des productions de mangues et raisins de table dans la Vallée du São Francisco, de bananes à Bahia et dans le Minas Gerais, de melons et pastèques dans le Nordeste, de papayes dans l’Espírito Santos, d’agrumes dans le Triangulo Mineiro, d’oranges, avocats et ananas à São Paulo, de fruits à pepins et raisins à vinifier dans le Sud, etc. Autant de diversités de besoins auxquels il faut répondre…
Sur le podium de la production fruiticole brésilienne, on retrouve tout d’abord l’orange (16,7 M t produites pour une valeur de 1,5 Mds EUR). L’hégémonie est forte : sur 5 verres de jus d’orange consommés dans le monde, 4 proviennent du Brésil ! Le deuxième revenu le plus élevé est celui de la banane (1,2 Mds EUR pour 6,8 M t). L'açaí a enregistré la troisième plus grande recette (500 M EUR avec 1,5 M t) et la cinquième position en volume, tout en restant une production d’extractivisme.
Un acteur mineur du commerce international
Si le pays occupe une place significative dans le ranking des producteurs, la réalité est autre sur le commerce international : il est le 24ème exportateur mondial et est responsable de seulement 0,6 % des échanges mondiaux ! Malgré son importante production, les exportations restent infimes et seulement 2,3 % de la production nationale est destinée au marché externe.
Ces exportations sont garanties par les grands producteurs, souvent très technicisés et avides de nouvelles solutions leur permettant de moderniser chaque fois plus leurs outils de production. La mise à niveau avec les productions internationales accélère leur intérêt pour les technologies et solutions étrangères.
Cette réalité devrait changer dans les prochaines années car le pays voit cette faible participation comme une opportunité pour accroître considérablement la production nationale et ainsi contribuer au développement socio-économique du pays. Le secteur est en effet considéré stratégique pour l’enrichissement d’une région, à l’image de la Vallée du São Francisco, dont l’IDH a presque doublé avec le développement de la région comme pôle fruiticole. L’installation de technologies d’irrigation dans les années 2000 a transformé en deux décennies cette zone semi-aride, le sertão nordestino, en une oasis de 110 000 ha de manguiers, bananiers, melons, goyaves, acerolas et surtout des vignes capables de produire 2 à 3 récoltes de raisins par an. Si aujourd’hui la Vallée du São Francisco est entre les plus grands pôles de fruiticulture au Brésil et le plus important dans le secteur de la fruiticulture tropicale, ce résultat se doit de toute part aux investissements en technologies agricoles.
L’accélération des exportations a déjà débuté et en 2020, les exportations ont atteint la marque de plus d'un million de tonnes de fruits exportés, soit une croissance de 6 % par rapport à l'année précédente. Elles ont atteint 875 M USD, soit 3 % de plus qu'en 2019. L’association brésilienne des producteurs et exportateurs de fruits et dérivés (Abrafrutas) estime que cette bonne performance est liée en grande partie aux efforts que les producteurs déploient ces dernières années pour s’adapter aux normes de qualité et de sécurité de ces marchés qu’ils ciblent de plus en plus.
Autant de motifs qui expliquent l’intérêt du secteur pour les nouvelles technologies, nécessaires à l’augmentation des productivités des cultures et de la qualité des fruits.
Quels besoins en technologies ?
En partenariat avec l’Abrafrutas, l’association brésilienne des producteurs de fruits, Business France a listé les principaux besoins technologiques émis par le secteur.
GARANTIR UN PRIX ACCESSIBLE POUR LE CONSOMMATEUR
Changer les habitudes de consommations pour rendre les F&L plus accessibles aux populations moins aisées et en augmenter la consommation. Cela passe par une meilleure gestion des coûts de production :
· Solutions de mécanisation et automatisation de la production (dont la taille), qui reste fortement dépendante d’une grande quantité de main d’œuvre et représente un vrai défi de gestion (absentéisme important, forte rotation, difficulté de qualification).
· Softwares : gestion opérationnelle de l’activité agricole.
· Solution d’assurance et de financement, gestion financière des exploitations.
· Agriculture de précision, prévisions météorologiques (pour se prémunir des sécheresses et du gel : 3 années consécutives de gelées destructrices dans le sud du Brésil, le pays n’est pas assez préparé à ce genre d’événement climatiques).
· Régulateurs de croissance pour l'augmentation de la productivité.
· Irrigation intelligente pour l'arboriculture : automatisation et variabilité spatiale du sol.
BESOINS PHYTOSANITAIRES
· Bio-intrants divers.
· Lutte contre la mouche des fruits.
· Lutte contre huanglongbing (HLB).
· Fertilisants pour la sortie de la dormance.
· Fongicides divers (climat humide qui entraine une expansion forte des champignons).
· Besoin fort en herbicides.
· Nanotechnologies appliquées à l'augmentation de la productivité des fruits tropicaux par le biais de structures moléculaires biodégradables, à action biostimulante et bioprotectrice.
SOLUTIONS DE SECURITE ALIMENTAIRE
· Diminution des pertes post-récolte (écrasement, phytoxydation, photooxydation, températures élevées, manutention, transport, etc.) : Pertes considérables sur le marché interne (42 % pour la banane, 40 % pour les fraises, 34 % pour l’avocat, 32 % pour la papaye, etc.).
· Amélioration de la chaîne du froid.
· Explosion des ventes en ligne : Solutions de livraison des fruits en bon état.
· Traçabilité : Le consommateur brésilien demande de plus en plus de garanties sur la qualité et l'origine des produits.
· Protection anti-grêle bon marché.
SOLUTIONS POUR LA SECURITE DES ALIMENTS
· Traitement des résidus de produits phytosanitaires : contrôles du Ministère brésilien de l’Agriculture de plus en plus stricts sur l’utilisation des produits phytosanitaires et les résidus dans les fruits.
· Solutions permettant l’élimination des résidus dans les jus de fruits et autres dérivés.
SOLUTIONS POUR UNE PRODUCTION PLUS DURABLE
· Solutions d’optimisation de la gestion des ressources hydriques et de lutte contre le stress hydrique.
· Produits de fertirrigation et régénération des sols : Les sols brésiliens sont généralement pauvres et acides.
· Panneaux solaires et autres alternatives pour la production d’énergie verte.
SOLUTIONS GARANTISSANT PLUS DE VALEUR AJOUTÉE
· Réutilisation des résidus de taille des arbres fruitiers pour la production de bioactifs
· Nouvelles cultures de fruits (conditions très favorables à l’implantation de lychee par exemple).
· Technologies post-récolte pour la manipulation, nettoyage, calibrage et stockage longue durée.
· Développement de nouveaux emballages.
· Solutions permettant d’organiser et valoriser les productions fruitières des communautés indigènes ou issues de l’agriculture familiale : açaí, noix du Brésil, noix Baru.
Les entrepreneurs brésiliens sont très réceptifs à l'innovation et ces grands producteurs, tournés vers l’export et le marché interne haut de gamme, sont avides de solutions qui leur permettront d’accroitre leurs productivités.
Source: 01/06/2021, Business France Brésil