Date de publication :

Secteur Santé
Pays concernés
Afrique du Sud
Cameroun Côte-d'Ivoire Éthiopie Kenya Nigéria Sénégal
Thématique Actualités du secteur
Au Royaume-Uni, 70% de la population a eu au moins une dose de vaccin contre le COVID-19, ce taux est relativement proche aux Etats-Unis avec 55%. Mais c’est une tout autre histoire quand on l’en vient aux pays d’Afrique. L’Afrique du Sud arrive en tête en Afrique subsaharienne avec 10% de la population ayant reçu une dose, suit le Botswana avec 8% puis le Rwanda 3%. Le reste des pays de la région voit moins de 2% de leur population vaccinée. L’accès aux vaccins a été largement limité aux pays les plus riches et malgré certaines initiatives comme COVAX permettant aux pays les plus pauvres de recevoir des vaccins, l’écart reste pharamineux. Cette situation pousse les pays d’Afrique subsaharienne à envisager une production locale de produits pharmaceutiques pour combattre cette dépendance aux importations. Au Kenya, le défi pour les fabricants locaux reste le fait de devoir recevoir une accréditation de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) pour pouvoir fournir les médicaments et vaccins aux hôpitaux publics. Or, ce processus est coûteux et long, toutes les entreprises locales n’ont pas les moyens pour le financer. Pour cette raison, la plupart des laboratoires pharmaceutiques kenyans se dirigent vers l’export régional et laissent les contrats avec les hôpitaux aux multinationales. Le gouvernement tente donc d’attirer les investissements internationaux dans la production locale à travers une politique très libérale, sans obstacles à l’entrée dans le marché et aucune exigence de propriété locale pour les investisseurs étrangers. Pour sa part l’Ethiopie importe 85% de ses produits pharmaceutiques dont les trois quarts sont fournis par le gouvernement. C’est pour cela que celui-ci est très favorable à l’entrée sur le marché d’entreprises internationales pour booster la production locale. Un parc de 280 hectares a même été construit uniquement pour le secteur pharmaceutique. Aucun besoin de propriété locale et des exonérations fiscales pouvant aller jusqu’à 14 ans ainsi qu’une procédure accélérée pour s’inscrire sur le territoire font partie des politiques pour attirer les investissements étrangers. La taille du marché pharmaceutique représente 1 Md de dollars et est estimé atteindre 3,6Mds de dollars en 2026.
Image info sectorielle

De son côté l’Afrique du Sud représente l’industrie pharmaceutique la plus importante d’Afrique subsaharienne mais se traduit généralement par de la mise en flacon, étiquetage, emballage et distribution. La pandémie de COVID-19 a remis en perspectives les questions relatives à la production locale de vaccins. L’entreprise Aspen Pharmacare a donc signé un partenariat avec Johnson & Johnson incluant un transfert de technologie et savoir-faire pour produire le vaccin dans le pays, pour non seulement l’Afrique du Sud mais aussi les autres pays de l’Union Africaine. Les premiers flacons ont été distribués ce mois-ci. D’autre part le laboratoire sudafricain Biovac a aussi signé un accord avec Pfizer pour produire les vaccins contre le COVID-19 d’ici la fin de l’année 2021.

La pandémie de COVID-19 a permis à beaucoup de pays d’Afrique subsaharienne d’ouvrir les yeux sur l’importance d’une production locale de produits pharmaceutiques. La dépendance aux importations de vaccins a ralenti les campagnes dans la zone, n’ayant pas autant de moyens que les pays du Nord dans la course aux vaccins et par la suite eu un impact négatif sur l’économie. L’Union Africaine a comme objectif d’atteindre 60% de production locale de vaccins d’ici 2040.

L'intégration du marché africain et la facilitation du commerce sont cruciales et les pays africains doivent mieux utiliser les plateformes d'intégration économique régionale telles que la Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest, le Marché commun pour l'Afrique orientale et australe et le nouvel Accord de libre-échange continental africain offrent de grandes opportunités.

Cela permettra de relever le défi des petits marchés fragmentés qui ont longtemps découragé les investisseurs dans la fabrication de produits pharmaceutiques. Une plus grande intégration contribuera à la fabrication de produits qui sont très demandés dans la région, élargira l'accès à plus de marchés et rendra la production locale durable.

 

Sources: Julie Oppenheim, Daniel Mwathe, Micale Sehul, 28 juillet 2021, Bizcommunity.

Elizabeth Merab, 15 mai 2021, The East African.

Tamar Kahn, 30 juin 2021, Business Day.