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Etape clé sur la voie de la nécessaire réduction de ses émissions de gaz à effet de serre -conformément à l'accord de Paris-, l'Argentine avance vers la construction de deux nouvelles centrales nucléaires - une avec la technologie chinoise Hualong et un autre réacteur Candu combinant le savoir-faire national et le soutien canadien.
Les deux projets revêtent une importance stratégique pour les relations géopolitiques, mais aussi au niveau de l’emploi (création potentielle milliers d'emplois), pour l’acquisition de nouveaux savoir-faire et pour augmenter significativement (on approchera le doublement) la production énergétique pour les 15 prochaines années.
Depuis l'arrivée au pouvoir du nouveau gouvernement en décembre 2019, la politique nucléaire est considérée comme stratégique pour le développement. En avril dernier, les contacts avec la Chine ont été repris afin de relancer une négociation pour construire une nouvelle centrale nucléaire à uranium enrichi et à eau légère. L'idée est de réactiver des projets qui avaient ralenti sous la précédente administration, plus orientée vers le développement des énergies renouvelables.
"Lorsque nous sommes arrivés au pouvoir, nous avons commencé à planifier notre avenir avec un programme à court terme et un plan stratégique, car les projets nucléaires se font sur le long terme. Dans ce cadre, nous allons d'abord commencer à construire une centrale de 1 100 mégawatts avec la technologie Hualong et pour cela, nous devons conclure les négociations pour formaliser le contrat et commencer la construction au cours du second semestre de l'année prochaine", a déclaré à PERFIL José Luis Antúnez, président de l'entreprise publique Nucleoeléctrica Argentina S.A. -NASA- (qui gère notamment Atucha I et II et Embalse, les trois centrales en activité dans ce pays).
Une quatrième centrale électrique
Selon M. Antúnez, la construction de la quatrième centrale électrique d'Argentine prendra huit ans, à compter de la conclusion des accords et des formalités administratives nécessaires pour débloquer le financement chinois.
La négociation se déroulera donc en deux étapes : la première pour Nucleoeléctrica Argentina et la CNEA (Comisión Nacional de Energía Atómica), afin de convenir avec le géant asiatique d'un contrat incluant également le transfert de technologie pour la fabrication locale du combustible de cette centrale.
"Nous estimons que les conversations s'étendront jusqu'en novembre ou décembre", a déclaré M. Antúnez.
La deuxième étape vise à inscrire le projet dans le cadre de l'accord bilatéral signé en 2014. Le Secrétariat à l'énergie dirigera les négociations parallèles liées au "paquet financier" qui doit être reconstitué car "les délais ont expiré", selon le chef de Nucleoeléctrica.
"Une fois que nous aurons avancé dans ce domaine, les autorités des deux pays signeront et la construction commencera, ce que nous espérons à la mi-2022", a-t-il estimé.
"Nous avancerons dans la préparation du terrain avec des études de sol et le pavage des voies d'accès", ainsi que dans le montage des structures pour stocker l'énergie, l'eau et les fournitures "pour les plus de 5 000 travailleurs qui viendront à Atucha où se trouvera la centrale", a déclaré Antúnez.
Technologie acquise, soutien canadien
Nucleoeléctrica pense déjà à la construction d'une cinquième centrale nucléaire, qui sera un projet " national " soutenu par le Canada, pays qui a transféré la technologie qui sera utilisée. Ainsi, les relations énergétiques bilatérales, qui ont débuté il y a quarante ans avec la construction de la centrale d'Embalse à Córdoba, se poursuivront pendant au moins quarante années supplémentaires.
Les lignes générales de ce projet sont déjà définies - il s'agira d'une centrale à uranium naturel et à eau lourde avec un réacteur basé sur la technologie Candu, qui bénéficiera d'un financement local et d'une "programmation différente de l'habituelle."
"Nous ferons l'ingénierie à Embalse où nous avons déposé toute notre expérience dans la construction, la conception et l'exploitation de telles centrales. Nous compterons donc sur les techniciens et professionnels de la zone pour produire les composants, qui seront fabriqués localement, en concentrant les ressources de nos industries d'ingénierie et de métallurgie", a expliqué M. Antúnez.
Si le pays a acquis la technologie il y a des années, le savoir-faire a été actualisé en raison de la conclusion récente d'un processus clé, à savoir l'extension de la durée de vie de la centrale électrique de Córdoba, qui est déjà en service.
"Nous n'avons pas encore choisi le site où nous allons construire. Ce pourrait être le long d'une voie navigable ou près d'Atucha. Nous avons laissé cela pour plus tard, car nous allons nous concentrer sur la fabrication des composants", a anticipé le patron de l'entreprise publique.
Potentiel énergétique
Avec ces deux nouvelles centrales, le secrétariat à l'énergie prévoit de doubler le potentiel énergétique installé du pays au cours des 15 prochaines années.
"Avec les trois centrales actuellement en fonctionnement, nous disposons d'environ 1 700 mégawatts combinés. Lorsque les réacteurs de Hualong et de Candu entreront en service, nous ajouterons une quantité similaire à la capacité installée de Nucleoeléctrica", a soutenu M. Antúnez.
Consulté sur l'importance que ces projets auront en termes géopolitiques, le fonctionnaire a estimé que "cela signifiera des relations bilatérales à long terme" et, dans le cas de la Chine, "le début de quelques liens scientifiques et commerciaux durables, comme cela nous est arrivé avec le Canada à partir d'Embalse."
"Quand nous construirons la centrale de Candu, même si ce sera un projet national avec notre technologie, il y aura une participation canadienne", a-t-il conclu.
(Source : Buenos Aires Times 24/08/2021)