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Aerion, entreprise développant des jets d'affaires pouvant voler à Mach 1.4 (soit plus de 1 700 km/h) et qui était notamment supportée par Boeing, a décidé de mettre la clé sous la porte suite aux difficultés rencontrées en mai dernier pour réunir les 4 Mds$ nécessaires pour passer aux prochaines étapes de leur programme AS2.
L'objectif de cette nouvelle phase de financement était de mettre en place un site de production au sein de l'aéroport international d'Orlando-Melbourne pour un budget de 375 M$. Ainsi, bien que ce programme novateur d'avion d'affaires supersonique réponde aux besoins du marché, tant sur le plan technique, légal qu'écologique, et qu'il fut validé avec des commandes atteignant 11,2 Mds$, Aerion et son AS2 n'ont pas convaincu les investisseurs.
Malgré un avenir prometteur, cet échec de financement signe la fin d'Aerion qui ne peut donc pas aller plus loin dans son développement. Point important à souligner, cette levée de fonds s'est effectuée dans un climat hostile aux investissements dans l'industrie aéronautique puisque la pandémie mondiale a cloué au sol plus de 90% du trafic aérien et que les experts ne prévoient pas une reprise avant 2024 voir 2025 selon les scénarios. Ainsi, on ne verra pas l'AS2, ni l'AS3 qui est sa version commerciale de plus grande taille, venir à bout de sa phase de développement qui avait débuté en 2005.
A noter que GE Aviation qui était en charge du développement d'Affinity, le moteur qui devait propulser l'AS2, a également annoncé l'arrêt du programme et la répartition de l'équipe travaillant sur celui-ci au sein d'autres programmes. Cette phase de R&D pour la propulsion était estimée à 1 Mds$ contre 4 Mds$ pour la partie aéronef réalisée chez Aerion.
Bien qu'Aerion quitte l'aventure supersonique, cela ne signifie par l'arrêt de la filière pour autant. En effet, cela permet de réduire le nombre d'acteurs et ainsi de consolider les financements autour des quelques entreprises encore en lice.
C'est le cas de Boom Aviation qui a confirmé que le prototype de son appareil phare Overture, le XB-1 (qui est à l'échelle 1:3), devrait effectuer son premier vol de test avant la fin de l'année. De plus, comme Aerion, Boom Aviation a noué un partenariat avec un motoriste pour la partie propulsion et dans leur cas c'est Rolls-Royce qui est à la manœuvre afin d'atteindre Mach 2.2 promis par l'Overture.
En ce qui concerne leurs soutiens, on retrouve United Airlines qui a annoncé, début juin, une commande de 15 appareils pour un montant de 3 Mds$. Ceux-ci devraient être disponible à l'horion 2029 et United a également une option d'achat pour 35 appareils de plus. L'objectif ici est de pouvoir proposer un Londres-Newark en 3h30 ou bien un Tokyo-San Francisco en 6h contre, respectivement, 6h50 et 10h30 avec des appareils standards.
Cette commande d'United est une première puisque United a déjà effectué un versement, contrairement à Japan Airlines ou bien à Virgin Group qui n'ont passé que des "pre-orders" sans engagement financier pour le moment.
Dans une autre mesure, on retrouve Hermeus et son appareil Quaterhorse qui viennent de recevoir, début août, le soutien de l'U.S Air Force via un contrat de recherche de 60 M$. Cet appareil devrait atteindre Mach 5 et ainsi pouvoir réaliser un New York-Londres en 1h30 contre 7h pour le moment. Cependant, avant de pouvoir voler, le Quaterhorse devra passer par de nombreuses phases de R&D ainsi que des tests en vol qui ne sont pas encore annoncées.
Plus globalement, le marché des appareils supersoniques est prévu d'atteindre 160 Mds$ d'ici 2040 selon un rapport de décembre 2020 réalisé par UBS Group AG. La rapidité gagnée et le temps de voyage ainsi réduit seraient principalement à destination des clients affaires puisque le prix des tickets seraient bien plus élevés que ce que l'on retrouve déjà sur la classe Premium des compagnies.
Sources : RobbReport, AINonline, The Seattle Times, Bloomberg 21/05/2021.