Les agroholdings investissent dans le matériel agricole à un niveau d’avant-guerre

« Les agroholdings ukrainiens ont renouvelé leurs achats de matériel agricole à un niveau proche du celui d’avant-guerre », témoigne Agrohob qui a mené une étude auprès de 14 agroholdings ukrainiens disposant d’une banque foncière de 1,9 M ha. Cette étude démontre que, malgré les difficultés de la période actuelle, les producteurs ukrainiens prévoient d’investir des moyens importants dans le développement, notamment, dans les moyens de production. L’année 2022 a marqué une pause dans l’achat de ce matériel.

Source : GTA Connect - S&P Global

Plus précisément, le niveau d’investissements dans l’achat de tracteurs, de la part des agroholdings questionnés, se situe à 10,2 USD/ha, soit un niveau quasiment identique à celui de la période 2018-2021 au cours de laquelle il était à 10,9 USD/ha, et 1,4 fois de plus qu’en 2022. La situation est assez identique en ce qui concerne les pulvérisateurs : les achats sont prévus à environ 6,10 USD/ha, soit même plus qu’en 2018-2021 (5,3 USD/ha) et sensiblement plus qu’en 2022 (3,2 USD/ha). Les achats des semoirs devraient représenter 6,4 USD/ha, contre 3,8 USD/ha en 2022 et 7 USD/ha en 2018-2021.

En revanche, les agroholdings ne prévoient pas d’acheter des moissonneuses-batteuses cette année, en sachant que les dépenses pour ce type de matériel se situaient déjà à un niveau plus faible avant la guerre (3,6 USD/ha pour la période 2018-2021) : les opérateurs optaient pour des solutions d’outsourcing pour ce type de matériel, utilisé uniquement pendant une période très courte et pour des cultures de faible volume - rendant le maintien du parc de ce matériel peu rentable. Selon la responsable de Département Benchmarking d’Agrohub, la volonté des agriculteurs de maintenir le cycle de remplacement du matériel habituel (tous les six à sept ans) permet d’espérer une certaine stabilité pour la filière.

Par ailleurs, les producteurs des équipements pour les silos ont augmenté les ventes de matériel de
15 % en 2022, toutefois, ils s’attendent à une baisse des ventes de l’ordre de 25 à 30 % cette année, en raison du manque de ressources financières dans les entreprises agricoles. Il est à noter que l’Ukraine a perdu 8 M tonnes de capacité de stockage à la date de fin juin 2023, suite aux bombardements, à l’occupation et aux inondations causées par la destruction du barrage de Kakhovka. Avant la guerre, l’Ukraine disposait d’une capacité de stockage de 57 M tonnes, la capacité de stockage des silos en fonctionnement représente actuellement 44 M tonnes.

Sources : Communication de presse de https://agrohub.ua/ publiée dans www.ukrinform.ua, le 19 juin 2023 ; www.interfax.com.ua, 19 juin 2023 ; www.latifundist.com, 4 juillet 2023 

Reprise des importations d’équipements et d’intrants agricoles

Les importations ukrainiennes d’équipements et d’intrants agricoles se sont élevées à 2,5 Mds EUR en 2022, soit une baisse de 32,6% par rapport à l’année précédente. Cette baisse n’a toutefois pas été catastrophique si on prend du recul sur les dix dernières années des importations : seules les années 2017, 2019 et 2021 ont été plus performantes. En revanche, les différentes catégories de produits ne sont pas affectées de la même façon. Ainsi, les produits phytosanitaires (code 3808) occupent la première ligne avec un montant d’importations comparable à celui de l’année précédente (852 M EUR en 2022 contre 891 M EUR en 2021) alors que les importations de machines agricoles ont connu une baisse plus dramatique, en passant de 1,2 Md EUR en 2021 à 756 M UER en 2022, et les importations des engrais ont été quasiment divisé par deux. 

Les résultats des 4 premiers mois 2023 témoignent d’une certaine reprise dans les importations ukrainiennes pour ces produits : +10 % d’augmentation par rapport à la même période de l’année précédente, soit 1,33 Md EUR. Les importations des engrais sont en croissance de 28 %, c’est désormais le premier poste dans les importations. Globalement, les trois premiers postes restent les mêmes sur les deux dernières années : les produits phytosanitaires, les engrais et les tracteurs d’une puissance supérieure à 130 Kw. Pour ces derniers, les résultats à l’import ont augmenté de 11 % alors que, globalement, la catégorie des machines agricoles continue à afficher une baisse de 25 % par rapport à l’année précédente (217 M EUR contre 289 M EUR), ce résultat étant toutefois meilleur qu’en 2019 ou 2020.  

La France est le quatrième fournisseur de l’Ukraine, avec une part de marché d’environ 10 %. Les importations ukrainiennes de produits français ont représenté 229 M EUR en 2022 et 137 M EUR sur les 4 premiers mois 2023. Les principaux postes d’importation sont les produits phytosanitaires, la semence de maïs et les tracteurs d’une puissance supérieure à 130kW. 

Source : Business France Ukraine sur la base des données GTA Connect - S&P Global  

Produits laitiers : le secteur laitier se maintient

Le 27 juin 2023, Milky Forum a réuni à Kyiv des producteurs de lait, des transformateurs laitiers, des producteurs artisanaux et des chaînes de distribution pour parler de l’évolution de ce secteur et des principales tendances du marché, mais aussi pour discuter de son avenir.

Les associations professionnelles mènent des discussions avec les autorités pour améliorer le cadre législatif et, éventuellement, diminuer la TVA sur les produits laitiers, il semble toutefois peu probable que les changements importants dans ce domaine interviennent à court terme.

Le cheptel a enregistré une baisse en 2022 (1,33 M de têtes en 2022 contre 1,55 M de têtes en 2021), les régions touchées par les combats en ont le plus souffert. On constate toutefois une légère augmentation du cheptel au premier trimestre 2023, à 1,35 M de têtes, repartie de façon égale entre les entreprises et les particuliers.  

La production de lait a également baissé (7,66 M de tonnes en 2022 contre 8,71 M de tonnes l’année précédente) non seulement en raison de la diminution du cheptel, mais également à cause de la dégradation de l’alimentation animale, des défaillances dans la logistique et la perte d’une partie du territoire qui reste occupée. Cette production reste toutefois suffisante pour subvenir aux besoins des Ukrainiens et pour exporter les produits (25 M USD d’exportations des produits laitiers au premier trimestre 2023).

Les importations des produits laitiers ont été divisées par deux en 2022, pour représenter 186 M USD, les fromages représentant plus de 81 % des importations dans cette catégorie.  La Pologne reste le principal fournisseur de l’Ukraine pour les produits laitiers.

Les produits laitiers représentent toujours 20 % du panier des ménages ukrainiens, le facteur de prix étant très important en cette période. Les Ukrainiens sont devenus encore plus « promo hunters » qu’avant la guerre. Pourtant ils continuent à s’intéresser activement aux nouveaux produits et en recherchent. Parmi les catégories en croissance, à noter les ultra pasteurisés et les produits avec le packaging grand format (sans surprise, les coupures régulières de l’électricité pendant l’hiver et le besoin de faire des stocks ont entraîné des conséquences sur la consommation) ainsi que les produits sans sucre ou sans lactose.

Source : Business France Ukraine sur la base des informations recueillies lors du Milk Forum, Kyiv, 27 juin 2023