Le développement actif des détaillants malgré la guerre

En 2003, les deux partenaires ukrainiens, Ruslan Shostak et Valery Kyptyk ont fondé la chaîne alimentaire Varus, ils développent également le réseau de drogueries EVA qu’ils ont créé en 2002. Les fondateurs de ces deux réseaux n’ont pas seulement des intérêts dans le commerce de détail – cette année, ils ont investi 400 M UAH dans l'usine de Vinnytsiapobuthim, qui appartenait auparavant à des propriétaires russes. L’usine a été rebaptisée Krytex et a continué à produire des lessives en poudre, des détergents liquides, des produits de lessive et de nettoyage, des cosmétiques. 

Le chiffre d'affaires des réseaux EVA et Varus a atteint 1,3 Md USD en 2022, contre environ 2 Mds USD avant-guerre. En un an et demi de guerre, Varus a perdu 15 % de ses réseaux (malgré l’ouverture d'au moins 8 nouveaux magasins), et EVA près de 10 % (malgré l’ouverture de 37 points de vente). 

Au premier semestre 2023, la croissance des ventes de ces deux détaillants a atteint 30 % par rapport à l'année précédente, les prévisions pour le chiffre d’affaires total sont de l’ordre de 2 Mds USD. Ce cap aurait dû être franchi en 2019, mais la pandémie de Coronavirus et la guerre ne l’ont pas permis. 

Aujourd’hui, les effectifs de EVA et Varus comptent plus de 30 000 personnes. Dans les villes où les magasins étaient fermés, les propriétaires ont proposé à leurs employés de déménager et de travailler dans de nouveaux lieux. Aujourd’hui, selon ces propriétaires, il est difficile de trouver des cadres compétents sur le marché du travail, car la plupart d’entre eux sont au front et certains sont partis à l’étranger, donc la « bataille pour le personnel » commence. 

La structure de la consommation des Ukrainiens après le début de l’invasion russe a changé - la demande pour des produits sociaux a considérablement augmenté. Les chaînes EVA et Varus disposent d’un grand nombre de leurs propres marques et proposent des produits bon marché et de grande qualité : un produit sur trois est une MDD vendue dans ces réseaux. 

Les copropriétaires de EVA et Varus prévoient d’investir et de construire quatre hubs en Ukraine - à Lviv, Odessa, Dnipro et Kyiv - d’une surface totale d’1 million de mètres carrés. Leur construction devrait être achevée en 2028. Actuellement, environ 200 000 mètres carrés de sites logistiques sont en construction. Parallèlement, des négociations sont en cours avec des investisseurs occidentaux qui souhaitent rejoindre ces projets en tant que partenaires. Les premiers 40 000 mètres carrés de centre logistique sont en cours de construction à Odessa, ces travaux devraient être terminés vers le milieu de 2024. 

Ces centres logistiques sont destinés principalement au développement du commerce en ligne. EVA est actuellement la quatrième chaîne de commerce en ligne, le nombre d’articles proposés devrait croitre prochainement jusqu’à 600 000-700 000 articles. Les futurs entrepôts logistiques desserviront également les magasins physiques - dans les cinq à six prochaines années, le nombre de magasins EVA devrait atteindre 2 000 et celui de Varus  1 000. 

Quant aux prévisions de croissance, en 2024, la chaîne EVA compte dépasser Makeup, principal site de e-commerce du segment « Droguerie et cosmétiques », et devenir le leader du marché. Les fondateurs de EVA et Varus estiment que l'année prochaine, leurs chaînes connaîtront une croissance de plus de 20 % (ce business ayant connu une croissance moyenne de 30 % par an au cours des 15 dernières années).  

Source : 14 septembre 2023, forbes.ua 

Nataliya Bilyk

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