Les fondamentaux
L’Indonésie, avec ses 17 508 îles et 95 000 km de littoral, possède la 6ᵉ plus grande ZEE au monde. Le gouvernement ambitionne de faire passer la contribution du secteur maritime au PIB national d'environ 7 % à 15 % d’ici 2045. Cette stratégie repose notamment sur le renouvellement de la flotte de navires marchands (tankers, vraquiers, etc.), la construction de 14 000 bateaux de pêche d’ici 2035, la numérisation de 149 ports dans le cadre de l’initiative des ports intelligents, ou encore le renforcement des secteurs de la construction navale et de l'aquaculture.
Le transport maritime, qui assure plus de 94 % des exportations indonésiennes (245 Mds USD en 2023), est un levier majeur pour la croissance économique. Le pays contrôle plusieurs détroits stratégiques (Malacca, Karimata, Lombok, Makassar, etc.), et ses principaux ports — Tanjung Priok (Jakarta), Tanjung Perak (Surabaya), Belawan (Medan) et Makassar — voient leurs flux augmenter. Le port de Panjang, à Bandar Lampung, est celui qui a enregistré la plus forte hausse en 2024 (+21 %).
Le programme de route maritime ("Tol Laut"), lancé en 2015, vise à renforcer la logistique nationale pour réduire les coûts logistiques nationaux et les écarts de prix entre les différentes parties de l'archipel, en connectant les zones éloignées via un réseau subventionné de lignes régulières de fret. Son développement a été spectaculaire ; il est passé de 3 routes et 3 navires en 2015 à 39 routes et 39 navires pour plus de 100 ports desservis, en 2024.
Les enjeux de surveillance, sécurité et sûreté maritime sont enfin prégnants, avec plusieurs forces vives impliquées en la matière.
Opportunités pour l'offre française
Au-delà des projets faisant appel à des financement extérieurs listés dans le récent "Blue Book" 2025-2029 :
- La transformation numérique du secteur maritime indonésien s’accélère. La cybersécurité devient un enjeu critique face à la digitalisation des ports et navires. Le recours à des systèmes manuels, comme chez Pelni, accroît la vulnérabilité. Cela ouvre la voie à des solutions intégrées (audits, formations, systèmes embarqués).
- Les récents accidents de ferries ont révélé l’urgence de moderniser les systèmes de navigation et de supervision (AIS, ECDIS, autopilotes, surveillance à distance).
- Le gouvernement indonésien prévoit la construction de 14 000 bateaux de pêche et encourage des programmes de rétrofit pour les navires de plus de 25 ans. Des compagnies publiques (Pertamina International Shipping) et privées intensifient leurs investissements dans cette modernisation et la formation des personnels.
- L’introduction de technologies bas carbone (hydrogène, hybride, LNG), CCS/CCUS, et Green Terminals créent des opportunités.
- Le développement de systèmes pour les pêcheurs constitue également une priorité.
Source :
Presse spécialisée indonésienne ; ministère indonésien des Transports (Kemenhub) ; Business France
Photo de Fadi Herdiansyah sur Unsplash (27/11/2025)
Responsabilité sociétale
Innovation et expertise attendues
- Cybersécurité maritime et numérique : solutions intégrées de cybersécurité portuaire et embarquée, formation spécialisée des opérateurs, marins et autorités portuaires.
- Digitalisation et automatisation portuaire : systèmes de gestion portuaire intelligents, traçabilité logistique, tracking en temps réel, outils d’optimisation des flux portuaires, capteurs IoT, maintenance prédictive.
- Modernisation des systèmes de navigation maritime: intégration de systèmes AIS, ECDIS, autopilotes, surveillance à distance pour ferries.
- Construction et rétrofit naval, y compris en design naval de navires complexes.
- Décarbonation du transport maritime.
- Développement d’applications de services maritimes : solutions de communication et d’alerte pour les pêcheurs, plateformes intégrées pour la sécurité, la météo, etc.
- Collaboration sur le transport de CO² (CCS/CCUS).
La réglementation spécifique liée aux enjeux environnementaux
Organisation maritime internationale :
- Réduction d’au moins 40 % des émissions de CO² d’ici 2030 et réduction de 50 % des émissions totales de GES d’ici 2050, par rapport à 2008.
- Adoption des mesures EEXI (Energy Efficiency Existing Ship Index) et CII (Carbon Intensity Indicator) en 2023.
Cadres nationaux indonésiens :
- Loi n° 59/2024 - RPJPN 2025–2045 : Net Zero Emissions et décarbonation du secteur maritime dans une approche multisectorielle.
- Decret présidentiel n° 12/2025 sur le RPJMN 2025–2029 : réduction des GES dans le transport maritime et adoption de carburants alternatifs, notamment le GNL, l’hydrogène, et les systèmes hybrides.
- RAN-GRK (Rencana Aksi Nasional Gas Rumah Kaca) : Plan d’action national pour la réduction des gaz à effet de serre, dont une partie s’applique au transport maritime.
Labels et certifications
Pour pénétrer le marché indonésien, les entreprises du secteur maritime doivent obtenir les autorisations et certifications requises. Cela peut inclure l'obtention de licences auprès du ministère des Transports. La nouvelle loi n° 66/2024 sur la navigation met l’accent sur les aspects de propriété, d’enregistrement et de conformité technique des navires. À cela s’ajoute l’obligation de se conformer aux normes nationales indonésiennes dites "SNI", applicables à certaines catégories d'équipements et technologies marines. La société d'État PT. Biro Klasifikasi Indonesia (Persero) (BKI) fournit des services de classification et de certification pour les navires et les structures offshore.
Clés d'accès
Le profil des partenaires / approche commerciale à privilégier
Si les fournisseurs étrangers de technologies et solutions ont la possibilité d’établir leurs propres sociétés de distribution sous la forme de sociétés à capitaux étrangers ("PT. PMA"), il est le plus souvent recommandé d’identifier un partenaire de type importateur-distributeur voire un partenaire industriel. Les associations professionnelles des armateurs (INSA) ou des chantiers navals (IPERINDO) peuvent offrir des opportunités de réseautage. Il est, en outre, conseillé de prospecter les donneurs d'ordre, notamment les ministères (Transports, Affaires maritimes, Pêche, etc.) ou les entreprises publiques (Pelindo, PT. PAL Indonesia, etc.). En effet, en Indonésie, la prise de décision est soumise à un consensus, d’où l’intérêt d’approcher l'ensemble des parties prenantes au processus de décision.
La réglementation spécifique
Un nombre important de réglementations s'appliquent au secteur maritime. À titre d'illustration, pour renforcer la souveraineté maritime, un nouveau cadre réglementaire adopté en octobre 2024 (Loi n° 66/2024) plafonne les participations étrangères à 49 % dans les coentreprises de transport maritime opérant en domestique (cabotage), les 51 % restants devant être détenus par une ou plusieurs entités indonésiennes. Les sociétés concernées devront par ailleurs posséder et exploiter des navires sous pavillon indonésien d’un minimum de 50 000 GT, avec un équipage exclusivement indonésien.
Niveau de taxation
- A l'exportation biens et services :
• Des droits de douane sont appliqués sur les biens et marchandises physiques importés, fonction des codes SH et origines.
• Une Withholding Tax ou "PPh" (Pajak Penghasilan), calculée sur la valeur CIF + droits de douane, est prélevée à la source par l’importateur pour les biens et marchandises (taux normal de 7,5 % réduit à 2,5 % avec une licence d'importation "API") ou le client pour des services et Royalties y compris de type SaaS (taux normal de 20 %, réduit à 10 % pour la France).
• Une TVA de 11 % s'applique tant aux biens et services importés que ceux produits localement, supportée par le client final. À l'importation, une avance de TVA appelée "PPn" (Pajak Pertambahan Nilai) est due par l’importateur sur la valeur CIF + droits de douane.
- Le taux normal de l'impôt sur les sociétés est de 22 %, mais des incitations fiscales visent à encourager l’investissement dans les secteurs maritime et halieutique.
Source :
Presse spécialisée indonésienne ; ASEAN ; ministère indonésien des Transports (Kemenhub) ; Business France (27/11/2025)