Les fondamentaux
L’Indonésie, 16ᵉ économie mondiale, génère plus de 35 % du PIB de la région Asie du Sud-Est.
Avec environ 285 M d’habitants dont 72,8 % d'internautes, une forte pénétration du haut-débit mobile (118 %) et une stratégie nationale d’inclusion financière, elle offre un environnement propice à l’essor des services financiers digitaux. 4ᵉ pays le moins bancarisé au monde, 48 % de sa population adulte reste sans compte bancaire physique et 25 % est sous-bancarisée, révélant un fort potentiel pour les solutions alternatives. Le pays compte plus de 65 M de micro, petites et moyennes entreprises dites "UMKM", générant 61 % du PIB. Ces entreprises, véritables moteurs économiques, jouent un rôle central dans la transformation digitale du pays, en privilégiant les portefeuilles électroniques pour leurs transactions B2C.
En 2024, 50 % du volume des paiements s’effectue via e-Wallets. Sur les 405 Mds USD de transactions digitales enregistrées cette année (incluant investissements, crédits et B2B), 90 Mds USD concernent les paiements au détail via e-Wallets et Mobile Banking. L'Autorité des Services financiers (OJK) et la Banque centrale (Bank Indonesia) imposent des réglementations strictes et continuent d'étendre l'utilisation de la norme dite "QRIS" pour Quick Response Code Indonesian Standard afin d'accélérer l'adoption des nouvelles technologies. Ainsi, les banques traditionnelles comme BCA, Mandiri ou BNI choisissent d’internaliser l’innovation via des filiales dédiées. Cette évolution a aussi favorisé l’essor de leaders locaux tels que OVO, DANA, LinkAja, GoPay, Ajaib ou Xendit.
Part du nombre d'entreprises de la FinTech par domaine d'activités en Indonésie
Répartition des 366 entreprises de FinTech recensées en Indonésie en 2024 par domaine d'activités
Opportunités pour l'offre française
En Indonésie, la numérisation du pays s'accompagne d'une hausse des cyberattaques, avec un secteur bancaire et financier tout particulièrement visé. Des acteurs clés comme BCA, Bank Mandiri et BNI ont été gravement affectées. Ainsi, les institutions financières et les e-Wallets recherchent-ils des outils pour sécuriser les transactions et protéger les données personnelles.
Avec l'adoption de la Loi sur la protection des données personnelles (Loi dite "UU PDP") de 2022, entrée en vigueur en octobre 2024, les entreprises locales cherchent des solutions d'anonymisation des données, de formation pour les responsables de données, de gestion des consentements pour les cookies et de migration des données transfrontalières.
Parallèlement, les entreprises financières cherchent à élargir leur portée, notamment dans les zones rurales où l'accès aux services bancaires reste limité. Enfin, Bank Indonesia pilote le projet de monnaie numérique Proyek Garuda, pour renforcer la souveraineté monétaire tout en garantissant des paiements rapides, traçables et sécurisés à l’ère numérique.
Source :
e-Conomy SEA Report 2024 - Google, Temasek, Bain & Company ; Autorité des Services financiers (OJK) ; Banque centrale (Bank Indonesia)
Photo de Jonas Leupe sur Unsplash (11/08/2025)
Responsabilité sociétale
La réglementation spécifique liée aux enjeux environnementaux
Face à l’essor rapide de la FinTech, l’Indonésie a mis en place un cadre réglementaire agile. Dès 2018, l’Autorité des Services financiers (OJK) a lancé le GIKD et son "Regulatory Sandbox" pour accompagner les start-ups via des tests supervisés. En 2023, la Loi dite "P2SK" a renforcé cet écosystème avec la création de l’ITSK, réunissant l'OJK, Bank Indonesia et d’autres acteurs, afin de réguler des innovations comme les cryptoactifs, néobanques ou Robo-Advisors.
Bank Indonesia pilote en parallèle la feuille de route “Payment Systems Blueprint 2030”, promouvant QRIS, la standardisation des API (SNAP) et l’intégration régionale des paiements en ligne avec les ambitions de l’ASEAN, le projet "Digital Ruppiah", etc.
La lutte contre les prêteurs illégaux (plus de 8 000 entités fermées depuis 2017) s’est aussi intensifiée via un renforcement du KYC, des sanctions accrues et des obligations de transparence sur les plateformes.
Source :
Business France
Photo de Jakub Żerdzicki sur Unsplash (11/08/2025)
Clés d'accès
Le profil des partenaires / approche commerciale à privilégier
- Pour la vente de services / solutions SaaS, il est possible de servir le marché indonésien en direct depuis l'étranger. Cf. infra la fiscalité applicable.
- Le recours à un partenaire local peut néanmoins s'avérer préférable s'agissant de solutions technologiques :
• Intégrateur : partenaire idéal pour des projets technologiques complexes ou nécessitant des services d'intégration, il doit disposer de projets identifiés à son portefeuille.
• Distributeur ou agent, devant pouvoir compter sur un réseau commercial établi.
- L'opportunité d'ouvrir un bureau de représentation voire une filiale est, par ailleurs, fonction du type de services ou solutions technologiques vendus ; une présence de l’entreprise au plus près de ses clients et partenaires constituant un atout clé (proactivité, accompagnement, etc.).
La réglementation spécifique
L'essentiel des feuilles de route et réglementations applicables à la FinTech sont édictées par l'Autorité des Services financiers (OJK).
A titre d'illustration (non-exhaustif) :
- Banque numérique : Règlements de l'OJK n° 12/2021 sur les banques commerciales et n° 21/2023 sur les services numériques bancaires.
- Actifs financiers numériques (dont cryptomonnaies) : Règlement de l'OJK n° 27/2024 - Transfert de compétences à l'OJK, interdiction des cryptomonnaies comme moyens de paiement, etc.
- Prêts P2P : Règlement de l'OJK n° 40/2024 - Seuil plancher de capital et fonds propres, plafonds de prêts P2P, plafond de capital étranger (85 %), protection du consommateur, etc.
- Crowdfunding : Règlement de l'OJK n° 57/2023 - Conditions d'exercice et licences exigées, plafond de capital étranger (49 %), etc.
- Etc.
Niveau de taxation
- A l'exportation de technologies, solutions et services :
• Des droits de douane sont appliqués sur les biens et marchandises physiques importés, fonction des codes SH et origines.
• Une Withholding Tax ou "PPh" (Pajak Penghasilan) est prélevée à la source par l’importateur pour les biens et marchandises (taux normal de 7,5 %, réduit à 2,5 % avec une licence d'importation "API") ou le client pour des services et Royalties y compris de type SaaS (taux réduit de 10 % pour la France).
• Une TVA de 11 % voire 12 % (catégories luxe) s'applique tant aux biens et services importés que ceux produits localement, supportée par le client final.
- Une Withholding Tax est prélevée à la source pour la majorité des revenus générés par des services financiers, y compris importés. A titre d'illustration, 2 taxes de 0,1 % chacune ont été déployées pour les cryptomonnaies : TVA sur les transactions d’actifs crypto et imposition des bénéfices perçus.
Source :
Ministère indonésien des Finances (Kemenkeu) ; Autorité des Services financiers (OJK) ; Banque centrale (Bank Indonesia) (11/08/2025)