Les fondamentaux
L’Espagne confirme une fois de plus son statut de 1er producteur de fruits et légumes de l’UE, représentant environ 22 % de la production communautaire, et occupe le 5ᵉ rang mondial. Ce leadership s’appuie sur des conditions climatiques favorables, un savoir-faire technique et une forte intégration des chaînes de valeur, de la production à la commercialisation.
La production nationale de fruits et légumes frais atteint 24,6 M de tonnes en 2024 (+9 % vs 2023), grâce à un retour de conditions climatiques favorables après plusieurs campagnes marquées par la sécheresse. La pomme de terre atteint 1,92 M de tonnes, en légère reprise. En valeur, la production s’élève à 19,8 Mds EUR, soit 53 % de la production végétale finale, confirmant le poids économique majeur de la filière.
Les 1,8 Mha cultivés se répartissent entre 1,16 Mha pour les arbres fruitiers (hors agrumes) et fruits à coque, 372 000 ha pour les agrumes, et 269 000 ha pour les cultures maraîchères et horticoles. L’Andalousie concentre 33 % des surfaces (serres et cultures irriguées intensives), devant la Communauté valencienne (19 %), Murcie (12 %), l’Estrémadure (8 %), la Castille-La Manche (6 %) et la Castille-et-León (5 %).
Structurée autour d'organisations de producteurs et coopératives, la filière bénéficie d’un système logistique performant (ports, réseau routier, plateformes de conditionnement) et d’une forte orientation exportatrice. Sa capacité à adapter l’offre aux marchés, à ajuster les calendriers de récolte et à introduire rapidement de nouvelles variétés reste un atout clé pour préserver sa compétitivité face à la concurrence intra et extra-UE.
Opportunités pour l'offre française
La pomme de terre demeure un débouché structurel : l’Espagne complète son approvisionnement intérieur par des volumes réguliers importés de novembre à avril, période sur laquelle la fiabilité logistique et la constance qualité française sont valorisées.
Les légumes frais offrent une complémentarité saisonnière : les laitues, haricots verts, choux-fleurs, navets, brocolis trouvent preneur, notamment lors des creux de production espagnols liés aux aléas climatiques.
Sur les fruits, des créneaux existent en pommes/poires, bananes, fruits d’été et fruits à coque.
En 2025, la différenciation (variétés, labels, RSE), l’ancrage partenarial avec les grossistes et coopératives, et la présence active aux salons (Fruit Attraction, Infoagro, etc.) sont les leviers clés pour contrer la pression prix exercée par les origines extra-UE.
Source :
MAPA, FEPEX, Mercasa, Revista Mercados, Agronegocios, Fruit Today, FreshPlaza España, Alimarket, Eurostat (06/08/2025)
Responsabilité sociétale
Innovation et expertise attendues
Les acheteurs espagnols privilégient des solutions orientées durabilité et coût total : emballages alternatifs au plastique à usage unique, réduction de l’empreinte carbone, allongement de la durée de vie des produits (qualité post-récolte), et digitalisation des flux (traçabilité, planification). Côté amont, les opérateurs attendent des variétés et itinéraires techniques plus résilients (stress hydrique/thermique), des intrants à faible impact, et des prestations QHSE (certifications BRC/IFS/GlobalG.A.P./GRASP) facilitant l’accès aux centrales d’achat.
En 2025, l’expertise recherchée combinera ROI mesurable (rendement commercial, réduction des pertes) et conformité réglementaire sur l’emballage et l’information au consommateur.
La réglementation spécifique liée aux enjeux environnementaux
Le Décret-Royal 1055/2022 encadre la responsabilité élargie des producteurs d’emballages et prépare la fin des emballages plastiques pour les fruits et légumes < 1,5 kg selon le calendrier européen : la presse professionnelle et la FEPEX rappellent l’objectif d’interdiction d’ici 2030 pour la vente au détail de lots < 1,5 kg, avec exceptions (qualité différenciée, bio, variétés protégées, risques de détérioration). Cette trajectoire réglementaire force la re-conception des packagings (carton, cellulose, vrac piloté) et la reconfiguration logistique (étiquetage, traçabilité unitaire).
Labels et certifications
La distribution espagnole exige de plus en plus GlobalG.A.P. & GRASP, IFS ou BRC pour les sites de conditionnement, ainsi que la certification bio UE sur les segments concernés. Les signes de qualité (DOP/IGP) renforcent la différenciation produit, mais pour les fournisseurs étrangers, la conformité retail et la preuve de performance (taux de casse, fraîcheur, MDD-ready) priment dans les référencements.
Source :
MAPA, FEPEX, Mercasa, Revista Mercados, Agronegocios, Fruit Today, FreshPlaza España, Alimarket, Eurostat (06/08/2025)
Clés d'accès
Le profil des partenaires / approche commerciale à privilégier
L’accès le plus rapide au marché espagnol passe par le couple importateur-grossiste, solidement implanté dans les grands marchés de gros (Mercamadrid, Mercabarna, Mercabilbao, Mercavalencia, etc.) et disposant de connexions directes avec la grande distribution.
Les coopératives bien organisées jouent un rôle clé dans la mutualisation des volumes, l’achat groupé d’intrants et d’emballages, ainsi que dans la négociation avec les centrales d’achat.
La participation aux salons professionnels (Fruit Attraction, ainsi qu’aux événements techniques spécialisés) reste un accélérateur de visibilité et un vecteur privilégié pour entrer en contact avec les décideurs achats.
La réglementation spécifique
Au-delà des normes UE (LMR, traçabilité, information consommateur), l’Espagne applique strictement l’arsenal anti-plastique du Décret-Royal 1055/2022 pour les emballages (REP, objectifs de prévention/réutilisation/recyclage) et suit le calendrier national d’exécution (ordres ministériels). L’encadrement de la vente en vrac, l’étiquetage de l’origine et les obligations de traçabilité requièrent des systèmes d’information robustes et une coordination fine avec les importateurs/conditionneurs.
Niveau de taxation
En 2024, les fruits et légumes frais ont bénéficié d’une TVA réduite à 0 % prolongée jusqu’au 30 septembre 2024 ; du 1ᵉʳ octobre au 31 décembre 2024, la TVA passe à 2 %.
En 2025, un retour au 4 % super-réduit est prévu (sauf changement ultérieur). Les produits transformés (jus, IV/V gamme, conserves) restent en général au taux 10 %. Ces mesures influencent les prix consommateurs et peuvent modifier, à la marge, la composition des paniers et la dynamique promotionnelle de la distribution.
Source :
MAPA, FEPEX, Mercasa, Revista Mercados, Agronegocios, Fruit Today, FreshPlaza España, Alimarket, Eurostat (06/08/2025)