La Banque Centrale d’Ukraine prévoit une baisse de l’inflation et le retour à la croissance économique en 2023

L’inflation en Ukraine ralentira en 2023 et ne représentera plus que 14,8 %. La politique monétaire restrictive de la banque centrale, la baisse de l’inflation mondiale et la consommation intérieure mesurée sont à l’origine de cette baisse. Ce ralentissement rapide de l’inflation sera surtout perceptible au premier semestre 2023, il se poursuivra en 2024 (estimations à hauteur de 9,6 %) et en 2025 (estimations à hauteur de 6 %). Les prévisions de la banque nationale d’Ukraine (BNU) se basent sur l’hypothèse de la baisse des risques sécuritaires, du rétablissement des circuits logistiques et de celui de la production industrielle ; tout cela accompagné par la poursuite d’une politique monétaire cohérente. Ces prévisions montrent que la pression inflationniste diminuera malgré le rétablissement de l’économie et une politique fiscale non-restrictive. Parallèlement, la politique monétaire de la banque centrale gardera son caractère restrictif pendant encore une certaine période.

La banque centrale d’Ukraine a revu à la hausse ses prévisions de la croissance du PIB qui passe de 0,3 % prévu initialement à 2 %. Cela est possible grâce au rétablissement rapide du système énergétique ukrainien, à l’augmentation des montants de l’aide internationale à l’Ukraine qui sera versée au budget d’État et réinjectée dans l’économie ukrainienne, et donc au maintien de la consommation des ménages et des investissements. Les facteurs qui entravent une croissance plus rapide sont les risques sécuritaires élevés qui pèsent sur les investissements et la consommation intérieure, ainsi que les restrictions logistiques aux exportations et le faible taux de retour des Ukrainiens de l’étranger. Parallèlement, la banque centrale d’Ukraine s’attend à l’accélération de la croissance économique dans les deux prochaines années, à hauteur de 4,3 % en 2024 et de 6,4 % en 2025.

Le marché de travail se rétablira progressivement, le taux de chômage devrait baisser peu à peu, en passant de 18,3 % en 2023 à 16,5 % en 2024 et 14,7 % en 2025. Toutefois, ce niveau sera toujours supérieur à celui d’avant la guerre, notamment en raison des disproportions significatives tant sur le niveau de la qualité des ressources que sur leur répartition régionale. La banque centrale d’Ukraine s’attend également à une croissance modérée des salaires réels cette année (+ 3,7 %) en raison du niveau élevé de l’inflation. En revanche, après le retour à une situation normale, les employeurs ukrainiens seront en concurrence avec les entreprises étrangères, ce qui se traduirait par la croissance plus forte des salaires.

Le déficit du budget de l’État restera élevé en 2023 du fait des dépenses militaires importantes et de la diminution des sources de revenus, il représentera 26 % du PIB. L’aide internationale restera la principale source de financement du déficit du budget. Parallèlement, le rôle des emprunts extérieurs augmentera. Malgré le niveau d’endettement élevé sur le court terme, ce niveau d’endettement dans les années à venir restera relativement modéré grâce aux conditions favorables d’emprunt.  

Le principal risque à court et moyen terme pour le pays réside dans l’augmentation de l’intensité des combats et l’allongement de la durée de la guerre. En contrepartie, la mise en place rapide des projets de reconstruction de l’Ukraine et l’élaboration de réformes liées à l’intégration européenne du pays permettront d’accélérer la croissance économique, de diminuer le chômage et d’augmenter les revenus de la population.  

 

 Source : Banque Centrale d’Ukraine, 04/05/2023 

 

Olexandra.hereliouk@businessfrance.fr              

Les entreprises ukrainiennes s'attendent à une croissance de la production pour la première fois depuis un an et demi

En avril dernier, pour la première fois depuis octobre 2021, les entreprises ukrainiennes ont évalué positivement les résultats de leurs activités par rapport au mois précédent. Chaque mois, la banque nationale d’Ukraine calcule l'indice mensuel de prévisions d'activité (Business activity expectations index, BAEI*) : en avril 2023 ce dernier est passé à 51,5 contre 49,5 en mars, franchissant ainsi le niveau neutre de 50 points, signe des attentes de croissance de la production.

Le régulateur a noté que les attentes positives des entreprises se justifiaient par quatre facteurs principaux : un meilleur approvisionnement énergétique, l’optimisation de l’approvisionnement en alimentation et en carburants, l'amélioration des attentes en matière d'inflation et de taux de change et une embellie du sentiment des consommateurs.

Pour la deuxième fois consécutive, les entreprises du commerce ont affiché les attentes les plus optimistes sur les résultats et les perspectives de leurs activités, compte tenu du ralentissement des pressions inflationnistes, de la hausse de la demande des consommateurs et de l'augmentation de l'offre. L'indice sectoriel en avril s’est élevé à 57,6 contre 53,6 en mars. Malgré les estimations de l'augmentation des prix d'achat, les entreprises interrogées s'attendaient - pour la première fois depuis juillet 2019 - à une augmentation des marges commerciales.

Les entreprises industrielles quant à elles, s'attendent pour le deuxième mois consécutif, à une croissance des résultats économiques, grâce à l'amélioration de la logistique, la réduction des coûts de production, le rétablissement de l'approvisionnement énergétique et la stabilisation des prix des carburants : l'indice sectoriel en avril était de 51,2 contre 50,5 en mars. Les entreprises interrogées s'attendent à la croissance du volume des produits fabriqués et des nouvelles commandes, y compris les commandes à l'exportation. 

Les entreprises du secteur des services ont continué à modérer les appréciations négatives de leurs perspectives économiques grâce à une reprise progressive de la demande, une amélioration de la situation de l'approvisionnement énergétique et un facteur saisonnier. L'indice sectoriel s'est établi à 48,8 en avril contre 45,7 en mars. 

Enfin, les entreprises de construction sont celles qui ont affiché les estimations les plus sobres concernant leurs résultats économiques en raison de la faible capacité financière des consommateurs, du manque d'investissement et des conditions météorologiques défavorables. L'indice sectoriel en avril était de 44,9 contre 45,9 pour le mois de mars. Contrairement au mois précédent, les répondants s'attendaient à une diminution du volume de la construction, ils ont également conforté leurs estimations négatives concernant le volume de nouvelles commandes. Les constructeurs ne s’attendent pas à l’accroissement en volume des achats de matières premières et de matériaux, cependant ils ont maintenu en parallèle leurs attentes concernant l'augmentation du volume des achats de services de sous-traitants.

La plupart des entreprises qui ont participé à l'enquête de la banque nationale, malgré un certain assouplissement des prévisions, ont maintenu des attentes élevées concernant la croissance des prix d'achat, ainsi que les tarifs de leurs propres produits et services.

Les attentes des entreprises liées à l'emploi se sont assouplies : les entreprises du commerce s'attendent à une augmentation du nombre d'employés pour la première fois depuis janvier 2022, le reste des secteurs interrogés prévoient la réduction des effectifs mais à des taux inférieurs à ceux des mois précédents.

* L'enquête a été réalisée auprès des 481 entreprises du 4 au 21 avril 2023. Parmi les entreprises interrogées, 46,6 % sont des entreprises industrielles, 28,7 % sont des entreprises du secteur des services, 20,8 % font partie du secteur de commerce et 4 % sont des entreprises du secteur de la construction. 33,1 % des entreprises interrogées sont de grandes entreprises, 30,6 % sont des entreprises moyennes et 36,4 % sont des petites entreprises.

33,5 % des entreprises enquêtées réalisent des opérations d'exportation et d'importation et 8,9 % réalisent uniquement des opérations d'exportation, 16,4 % réalisent uniquement des opérations d'importation et 41,2 % ne réalisent pas d'opérations économiques extérieures.  

Les résultats des enquêtes ne reflètent que l'opinion des chefs d'entreprises

Source :  biz.nv.ua, 01 mai 2023, bank.gov.ua, 03/04/2023

nataliya.bilyk@businessfrance.fr