Les agriculteurs ukrainiens face aux opérations de déminage

Neuf régions ukrainiennes sur 25 sont confrontées aux opérations de déminage de mines personnelles et d’obus. Qu’il s’agisse des territoires désoccupés ou ceux proches de la ligne de combat, cette réalité touche les entreprises agricoles. Les délais importants pour la mise en œuvre des opérations de déminage, le manque de spécialistes et le coût élevé des interventions poussent les agriculteurs à effectuer une partie des opérations par leurs propres moyens.

La société Agricom Group dispose de 30 000 ha dont 8 500 ha dans la région de Tchernihiv. Dans cette région, plus de 90 % des terres ont été pollués, essentiellement par des restes d’obus. Bien que la région de Tchernihiv soit libérée depuis plus d’un an, une grande partie des terres agricoles est restée contaminée : les équipes de déminage sont en nombre insuffisant. La situation est plus critique dans le sud du pays, dans les régions de Kherson et de Mykolaïv. La région de Kharkiv est également touchée.

Par conséquent, nombreux sont les agriculteurs qui commencent le déminage par leurs propres moyens. Toutefois, cet exercice a ses limites : s’il leur est possible de détecter les objets dangereux, il leur faut toutefois attendre l’arrivée des démineurs pour les enlever. Certains arrivent à équiper leurs machines pour le déminage à distance, comme cet agriculteur natif du village de Grakove qui fut le héros de reportages de plusieurs médias.

Selon le Ministère de la Politique Agricole et de l’Alimentation de l’Ukraine, plus de 2 600 spécialistes sont chargés du déminage en Ukraine, employés par des structures publiques ou privées. Il s’agit essentiellement du personnel des services d’État des Situations d’Urgence, des Forces Armées ukrainiennes, de la Police Nationale et de la Garde Nationale. La coordination des travaux de déminage des territoires et des terres agricoles revient aux administrations militaires régionales. Avec l’effectif actuel, on estime qu’il faudra 20 ans pour déminer entièrement le pays.

Le gouvernement ukrainien estime que le déminage est nécessaire pour les 470 000 ha de terres agricoles situées dans les 9 régions ukrainiennes touchées par les combats et qui sont de nouveau accessibles aujourd’hui. Selon l’expérience déjà acquise par les Ukrainiens, 80 à 90 % de cette surface ne sont pas concernés par le déminage proprement dit car ce territoire est pollué par les restes d’obus explosés. Pourtant, les obus non explosés et les mines personnelles représentent un risque réel. Le Département du Déminage Civil du Service d’État des Situations d’Urgence a déjà examiné plus de 40 000 ha dont 10 % ont été déclarés éligibles aux opérations de déminage.

Les dépenses pour le déminage des 470 000 ha de terres agricoles sont estimées par la Banque mondiale à plus de 1,5 Md USD. À cela s’ajoutent les pertes de récolte qui représenteraient en volume 2,5 M de tonnes et en valeur 500 M USD, sans parler des pertes indirectes. Le Conseil Agraire de l’Ukraine quant à lui considère que la surface à examiner, à dépolluer et à déminer représenterait 2 M ha. Et si les processus se sont accélérés dernièrement, les besoins sont encore énormes, notamment, en équipements efficaces et rapides.

Le déminage coûte cher aux agriculteurs (à partir de 2 000 USD/ha) mais ce sont surtout les délais d’attente qui sont longs. Si les opérateurs publics augmentent constamment leur effectif, il reste toutefois une place aussi pour des opérateurs privés. Une quarantaine d’entreprises privées de déminage seraient en phase de création selon European Business Association. Elles poursuivent actuellement la procédure d’obtention des autorisations nécessaires pour l’exercice de leur activité et la formation du personnel dédié.

Certains grands opérateurs agricoles sont prêts à se lancer dans cette nouvelle activité. C’est le cas de Nibulon, un des plus grands agroholdings du pays, qui détient désormais un certificat pour les travaux de dépistage des territoires et qui a déclaré, le 16 juin dernier, avoir examiné 1 500 ha de terres agricoles qui peuvent désormais être exploitées.  

Sources : www.nv.ua ; https://www.youtube.com/watch?v=65AcEc9PD_w ; https://nibulon.com/ ; https://eba.com.ua/

Vetropack renouvelle la production d’emballage en verre pour répondre à la demande en hausse

Le 25 mai 2023, le verrier Vetropack Hostomelskyi Sklozavod situé à proximité de la capitale, a déclaré renouveler la production d’emballage en verre. La société a mis en marche le premier four de verrier, la production proprement dite débutera en juin.

Vetropack produira des emballages en verre non colorés pour les produits alimentaires et les boissons, ces produits étant les plus demandés sur le marché ukrainien. Selon Pavel Prinko, Directeur Général de l'unité commerciale Ukraine et Moldavie, le marché domestique se rétablit peu à peu en Ukraine, et plusieurs entreprises relancent leur production. La demande pour les emballages en verre devrait croître de 7 % en 2023. L’entreprise projette de mettre également en marche le deuxième four de son usine avant la fin de l’année.

Avant le début de la guerre, Vetropack fabriquait différents types d’emballage en verre en utilisant trois fours et 8 lignes de production. Dès le premier jour de la guerre, Vetropack a arrêté la production pour des raisons de sécurité. Peu de temps après, l’entreprise a connu de fortes destructions suite aux bombardements russes qui ont notamment détruit un four. L’entreprise a été amenée à licencier deux tiers de ses 600 employés en raison de l’arrêt de la production. 139 employés sont déjà de retour après la reprise de la production.

À l’été 2022, Vetropack a créé un « Fonds Hostomel » pour soutenir les employés qui ont été blessés suite à l’agression russe ou, dont les habitations ont été détruites. Les dons des salariés des entreprises du groupe Vetropack réparties dans le monde entier, des partenaires et des clients de l’entreprise, ont permis de rassembler la somme de 960 000 Francs Suisses – ce qui a déjà contribué à aider 50 personnes en avril 2023.  Source : www.vetropack.com , 26 mai 2023

Le leasing est-il de retour ?

Le secteur du leasing était en plein développement en Ukraine avant la guerre : la croissance de nouveaux contrats avait augmenté en 2021 de 50 % par rapport à l’année précédente, pour atteindre 1,5 Md EUR. Les financements étaient attribués non seulement pour les achats de voitures et d’équipements agricoles mais également pour des produits d’autres secteurs comme le matériel roulant des chemins de fer, les équipements pour le secteur du bâtiment ou routier. Le soutien technique du projet USAID entre 2017 et 2021 a permis de booster le développement du secteur notamment grâce à l’amélioration de la législation, le renforcement du rôle de l’association professionnelle dédiée et le programme de sessions de formation.

Après le début de la guerre, le secteur a connu une période critique : le nombre de nouveaux contrats a été divisé par 7 au cours du deuxième trimestre 2022 ; plusieurs opérateurs du secteur ont cessé ou fortement limité leurs activités. Toutefois, dès le deuxième semestre 2022, la croissance est de retour, le volume de nouveaux contrats sur les 9 derniers mois 2022 a dépassé 10,8 Mds UAH (env. 270 M EUR). Les opérateurs se sont concentrés toutefois sur les secteurs à moindre risque, la part des contrats de leasing pour les voitures est passée de 50 % en 2021 à 70 % en 2022. Cette rénovation du secteur a commencé sans quasiment aucun soutien extérieur - programmes de refinancement, garanties supplémentaires… Il est fort probable que les ressources internes soient déjà épuisées.  Les amendements apportés par le gouvernement ukrainien dans le programme susceptible de rendre le leasing plus accessible et appelé « 5-7-9% » sont les bienvenus et pourraient rendre les services de leasing plus accessibles. Toutefois, ces mesures ne suffisent pas pour stimuler l’octroi de contrats de longue durée et ni pour l’implantation d’opérateurs d’envergure sur ce marché, pourtant prometteur.

Source : www.epravda.com.ua/columns/2023/06/19/701252/  , 19 juin 2023

Olexandra HERELIOUK

olexandra.hereliouk@businessfrance.fr