Les fondamentaux
L'Indonésie est un archipel de plus de 17 500 îles et plus de 280 M d'habitants, avec un taux d'urbanisation en hausse à 59 % en 2024. Le développement territorial de l'archipel est très inégal, avec l'île de Java concentrant la majorité des villes et métropoles, 55 % de la population et 60 % du PIB national. La rapide croissance de ces surfaces urbaines est menée sans planification adéquate entraînant des problèmes persistants tels que congestion routière, gestion défaillante des déchets, déficit de solutions de transports publics, infrastructures énergivores, etc. Aussi, malgré un important Push sur le développement des infrastructures lors des 2 mandats du précédent Président de la République, Joko Wididi, le pays souffre d'un déficit chronique d'infrastructures.
Le secteur de la construction au sens large est un secteur économique de poids en Indonésie, avec un marché estimé à 284,17 Mds USD en 2024. Le secteur a ainsi contribué à 10,23 % du PIB national en 2024. Cette croissance a été influencée par le développement d'infrastructures telles que les voiries et autoroutes, les infrastructures portuaires et aéroportuaires, ou encore le développement des infrastructures de base du projet de nouvelle capitale "Nusantara".
Il est toutefois important de souligner que la majorité des grands projets de l'ère "Jokowi" ont été finalisés, et que l'actuel gouvernement a pris des arbitrages budgétaires se traduisant par une baisse importante du budget de l'Etat allant aux infrastructures en cette année 2025. Le ralentissement du développement de "Nusantara" et la baisse du nombre d'appels d'offres en sont révélateurs.
Opportunités pour l'offre française
Le ministère indonésien des Travaux publics ouvre partiellement ses marchés aux entreprises étrangères via des mécanismes de partenariat public-privé tel que le KPBU, afin de pallier les limites budgétaires de l’État, tout en imposant des consortia avec des partenaires locaux pour la grande majorité des projets. Pour la période 2025-2029, le ministère ambitionne de mobiliser 34 Mds USD de fonds étrangers à travers ce schéma. Les appels d'offres mis en avant par le ministère concernent notamment 23 projets de routes et ponts, 11 projets hydrauliques et 11 projets d’aménagement urbain. Par exemple, la construction de nouveaux tronçons autoroutiers dans l’est de Kalimantan, en lien avec le projet de développement de "Nusantara" (annonce d'une mobilité cible du pouvoir en 2028) est explicitement ouverte à des investisseurs étrangers. De même, les projets de barrages visent à renforcer la sécurité hydrique et énergétique, domaines où l’expertise étrangère est recherchée. Le gouvernement agit à la fois comme régulateur, garantissant la qualité et la pérennité des projets, ainsi qu'en investisseur de dernier recours.
Source :
Ministère indonésien des Travaux publics (Kementerian Pekerjaan Umum)
Photo de Erwin Irawan sur Unsplash (21/09/2025)
Responsabilité sociétale
Innovation et expertise attendues
L’Indonésie cherche à renforcer la durabilité et l’efficacité de ses infrastructures dans le cadre du plan stratégique "PU 608" du ministère des Travaux publics. Les entreprises françaises sont attendues sur plusieurs fronts : ingénierie hydraulique (barrages, irrigation), traitement des eaux usées, infrastructures routières intelligentes, et matériaux de construction innovants. La France, reconnue pour son expertise en génie civil et en gestion durable, peut proposer des solutions dans la modélisation BIM, les systèmes de transport intelligents, ou encore les technologies de réduction d’empreinte carbone dans la construction.
La réglementation spécifique liée aux enjeux environnementaux
Depuis 2021, l’Indonésie a adopté une série de règlements pour encadrer la construction durable : Règlement gouvernemental ("PP") n° 14/2021 et Règlement ministériel ("Permen PUPR") n° 9/2021 définissent les principes de la "Konstruksi Berkelanjutan", qui repose sur trois piliers : économie, environnement, et social. Les projets doivent intégrer des critères d'évaluation de performance énergétique, de réduction des émissions, et de gestion des ressources naturelles (moins strictes que les normes françaises et/ou européennes). En 2025, le Ministère de l’Environnement a renforcé les exigences pour les projets dans les zones sensibles, notamment via le Règlement ministériel ("Permenhut") n° 5/2025, qui encadre la gestion des bassins versants et la réhabilitation forestière.
Labels et certifications
- Si des normes "SNI", principalement volontaires, ont été édictées par l'Agence de Standardisation nationale (BSN), plusieurs catégories de matériaux de construction font l'objet de SNI obligatoires : ciment, produits en acier, tuyaux, etc.
- Autres labels et certifications :
• ISO 14001 : norme internationale de systèmes de management environnemental.
• La certification "Green Industry" est délivrée par le ministère de l’Industrie aux industriels locaux.
• Le label "Ramah Lingkungan" certifie les produits respectueux de l'environnement selon plusieurs critères définis par l'IEC.
• Le label "Green Product Council Indonesia" certifie les matériaux de construction.
• Etc.
Source :
Ministère indonésien de l'Environnement (Kementerian Lingkungan Hidup)
Photo de Yulia Agnis sur Unsplash (21/09/2025)
Clés d'accès
Le profil des partenaires / approche commerciale à privilégier
Les projets de travaux publics en Indonésie, sauf ceux sur financement externe, sont très généralement mis en œuvre par des entreprises publiques d'État ("BUMN") ou locales ("BUMD"). Il convient dès lors d’identifier les bons donneurs d’ordre et partenaires / Prime Contractors potentiels pour chaque projet. Dans tous les cas, à l'exception d'entreprises françaises en mesure de déployer des capacités de production en local, il est le plus fréquemment recommandé de prospecter le marché indonésien par le biais de partenariats, a fortiori pour la vente d'équipements, matériaux ou encore de services. Une stratégie de positionnement en tant que fournisseur de rang 2 / 3, derrière des Prime Contractors indonésiens / asiatiques, peut également porter ses fruits.
La réglementation spécifique
Il existe en Indonésie des dispositions spéciales réglementant l'octroi de licences dans le secteur des services de construction (capital minimum, seuil, etc.). 2 options d'implantation se présentent dans le domaine, à savoir créer un équivalent de société à responsabilité limitée ("PT. PMA"), permanente ou temporaire (Special Purpose), ou bien un bureau de représentation de société de construction étrangère ("BUJKA"). Une "BUJKA" peut également mettre en oeuvre des projets, mais dans le cadre restreint de "Joint Operations" ou "KSO" (Kerjasama Operasi) associant une entreprise 100 % indonésienne.
Selon la ville du projet, différentes règlementations peuvent s’appliquer, qu’elles soient issues du gouvernement central ou des gouvernements locaux.
Niveau de taxation
- A l'exportation de biens et services :
• Des droits de douane sont appliqués sur les biens et marchandises physiques importés, fonction des codes SH et origines.
• Une Withholding Tax ou "PPh" (Pajak Penghasilan), calculée sur la valeur CIF + droits de douane, est prélevée à la source par l’importateur pour les biens et marchandises (taux normal de 7,5 %, réduit à 2,5 % avec une licence d'importation "API") ou le client pour des services et Royalties y compris de type SaaS (taux normal de 20 %, réduit à 10 % pour la France).
• Une TVA de 11 % voire 12 % (catégories luxe) s'applique tant aux biens et services importés que ceux produits localement, supportée par le client final. A l'importation, une avance de TVA appelée "PPn" (Pajak Pertambahan Nilai) est due par l’importateur sur la valeur CIF + droits de douane.
- En cas d'implantation en Indonésie, le taux normal de l'impôt sur les sociétés est de 22 %.
Source :
Ministère indonésien des Travaux publics (Kementerian Pekerjaan Umum) (21/09/2025)