Les fondamentaux
En 2024, le marché des produits carnés en Allemagne montre des signes d’évolution contrastée, marquant à la fois une légère reprise de la consommation et une transformation structurelle des habitudes alimentaires.
Après plusieurs années de baisse continue, les Allemands recommencent à consommer un peu plus de viande en 2024. Cette inflexion reste modeste, mais elle reflète une stabilisation après avoir atteint un plancher historique en 2023 avec 51,6 kg par habitant.
Le contexte économique reste tendu : l’inflation élevée continue de peser sur le pouvoir d’achat, ce qui renforce la sensibilité des consommateurs aux prix. Les produits carnés, notamment la viande de bœuf, restent parmi les plus touchés par cette pression tarifaire.
Malgré cette tendance à la baisse, la viande et la charcuterie conservent une place centrale dans les rayons des grandes et moyennes surfaces. Les enseignes misent fortement sur les marques de distributeur et les produits industriels, souvent soutenus par des campagnes promotionnelles ciblées. Les consommateurs allemands, très attentifs aux prix, y répondent favorablement.
La France est le 6ᵉ fournisseur de produits carnés de l’Allemagne en volume et en valeur. En capitalisant sur son image de qualité et de savoir-faire artisanal, elle peut viser les segments premium, notamment les consommateurs à la recherche de produits authentiques et gourmets.
Exportations françaises par type de viande vers l'Allemagne en volume en 2024
Chiffres clés - Classement des types de viandes et des produits de charcuterie de France les plus exportés vers l'Allemagne en 2024 (données en volume).
Opportunités pour l'offre française
La France doit consolider sa présence sur le marché allemand des produits carnés en misant sur ses atouts différenciateurs : qualité, savoir-faire artisanal et diversité régionale. Les segments premium, notamment en charcuterie et viandes de qualité, séduisent une clientèle allemande gourmet en quête de produits authentiques. Les labels AOP, IGP ou Label Rouge sont des leviers efficaces pour justifier un positionnement prix plus élevé. Par ailleurs, la montée en puissance des critères de durabilité, de bien-être animal et de production biologique ouvre des perspectives favorables.
La France est bien positionnée pour répondre à ces attentes, à condition de renforcer sa communication sur ces engagements et d’adapter son offre aux exigences du marché. La participation à des salons professionnels, des actions marketing pour gagner en visibilité et l’innovation dans les recettes, formats ou emballages, constituent également des leviers clés pour capter l’attention des acheteurs allemands.
Source :
GTA – S&P Global Allemagne (01/06/2025)
Responsabilité sociétale
Innovation et expertise attendues
Les acheteurs allemands attendent de l’offre française qu’elle combine qualité, différenciation et engagement. L’innovation est recherchée tant sur les recettes (produits clean label, sans additifs, riches en protéines) que sur les formats (prêts à consommer, portionnables, adaptés aux petits foyers). Les emballages écoresponsables (recyclables, allégés, refermables) sont devenus un critère de sélection. Côté expertise, les certifications (Label Rouge, bio, bien-être animal) et la traçabilité sont essentielles pour rassurer les Allemands. La maîtrise de la logistique et la capacité à fournir des volumes réguliers, à s’adapter aux cahiers des charges des MDD, et à être visible sur les salons (ANUGA, BIOFACH) sont également attendues pour construire une relation commerciale durable.
La réglementation spécifique liée aux enjeux environnementaux
En 2024, la réglementation expérimentale dans le secteur des produits carnés en Allemagne reste encadrée par les normes européennes, sans changement majeur sur les grands principes. La sécurité alimentaire, le bien-être animal, la traçabilité et l’étiquetage restent des piliers réglementaires incontournables.
Les innovations, notamment la viande cultivée en laboratoire, ne sont toujours pas autorisées à la vente dans l’Union européenne. Les expérimentations doivent toujours respecter des protocoles éthiques stricts, et les producteurs doivent démontrer la sécurité des produits avant toute mise sur le marché. Par ailleurs, les exigences environnementales se renforcent, avec une attention accrue portée à l’empreinte carbone et à la durabilité des pratiques de production.
Labels et certifications
Les labels et certifications restent essentiels pour accéder au marché allemand, notamment en GD. Les normes IFS, BRC et QS sont incontournables pour garantir sécurité, qualité et traçabilité.
L’Allemagne renforce son engagement en bien-être animal avec l’étiquetage public obligatoire sur l’élevage pour, dans un premier temps, la viande de porc fraîche (applicable obligatoirement dès mars 2026). Ce dispositif complète les labels volontaires existants comme Haltungsform ou Initiative Tierwohl. Les exportateurs français doivent valoriser leurs labels (ex. Label Rouge, AOP, IGP, bio, etc.) pour répondre à ces attentes.
Source :
Top agrar, BMEL, Business France (01/06/2025)
Clés d'accès
Le profil des partenaires / approche commerciale à privilégier
Les importateurs-grossistes spécialisés proposent une forte valeur ajoutée pour la commercialisation des produits étrangers sur le marché allemand : connaissance du marché et du potentiel du produit, tissu commercial, maîtrise de la logistique, soutien pour la mise aux normes des étiquettes, certification, gestion des actions de communication, formation des vendeurs, etc.
Pour les structures déjà développées à l’export avec des produits de volume à forte rotation, une approche de la grande distribution en direct peut être envisagée.
Une présence sur salon (en tant que visiteur ou exposant) s'avère être un levier pertinent pour rencontrer de nouveaux partenaires locaux.
La réglementation spécifique
Il n'existe pas de restriction réglementaire aux ventes de produits alimentaires en Allemagne ; la réglementation est harmonisée au sein de l’UE. L’étiquetage des produits doit être libellée en langue allemande pour des produits destinés aux consommateurs.
La loi sur les emballages oblige les entreprises à s’enregistrer auprès du registre national LUCID et, en fonction de l'incoterm utilisé, de se rapprocher d'un éco-organisme avant la mise sur le marché des emballages de vente.
La certification IFS est exigée pour livrer en direct les centrales d’achat de la GD et une adresse de facturation peut être demandée par les enseignes. L'alternative serait de passer par un importateur.
Niveau de taxation
En Allemagne, la viande et les produits carnés sont soumis à un taux de TVA réduit de 7 %. En revanche, les alternatives végétales de ces produits sont taxées au taux de TVA normal de 19 %.
Source :
AMI, BMEL, Business France (01/06/2025)